Page:Feller - Dictionnaire historique - 1848 - T01.djvu/225

Cette page n’a pas encore été corrigée

tl*hé de ce monastère , homme tclaii c el compatissant , le rotiul dans sa solitude , el entreprit sa conversion. Il en vint h bout par sa douceur el sa piété. Il peignit son repentir an pape , et obtint son pardon. Il travailla en même temps à le réconcilier avec saint Bernard, et y réussit. Quoique Abailard fût entré dans le cloître plutôt par dépit que par piété, ses lettres à Iléloïse semblent attester qu’il ne tarda pas à prendre l’esprit de cet état. Cette tendre amante étoil alors au Paraclet ; c’étoit un oratoire que son amant avoit bàli près de Nogent-sur-Siine , en 1122 , à riionneur de la Trinité. Héloïse y vivoit aintement , avec plusieurs autres reli- (jieuses. Abailard trouva dans le monastère de Cluny la paix de l’âme , que les plaisirs et la gloire n’avoient pu lui procurer. Devenu très infirme, il fut envoyé au monastère de Saint-ÎHarcel , près de Châlons-sur-Saône , et y mourut en H42 , à C3 ans. Héloïse demanda les cendres d*.Vbailard,ctle3 fit enterrer au Paraclet. Pierre le Vénérable honora son tombeau d’une épitaphe. Quelques éloges qu’on lionne à Abailard , on ne peut nier qu’il n’ait eu une présomption extrême. Avec moins d’amour-propre, il auroil été moins célèbre et plus heureux. Des écrivains protestans ont dit qu’il fut condamné et persécuté , non pour ses erreurs , mais pour avoir soutenu aux moines de Saint-Denis quft leur saint n’éloit pas le même que saint Denis l’Aréopagite : c’est une imposture. Ce point ne fut mis en question ni àSoissons, ni à Sens, ni à Rome : Abailard fui condamné pour des erreurs qu’il avoil rnscifjnées sur la Trinité , sur l’Incamation, sur la Grâce et sur plusieurs autres chefs. On peut en voir la censure dans le recueil de ses ouvrages , publiés à Paris en 1616 ( le frontispice porte quelquefois la date de I6iC , et quelquefois celle de 1686) ,en un gros vol. in-4" , sur les ma-Boscrits de François d’.mboise. Celte collection offre, r plusieurs Lettres : la première est un récit des différentes infortunes de lautcur , jusque vers le temps du concile de Sens ; la troisième, la cinquième et la huitième sont adressées à Héloïse ; S* des Sermons ; 5** des Traités dogmaliqu £t. l." JlexnineroJi in Genesim d’Abailard, est imprimé dans le tome 3 du Trésor des anecdotes de Marlènc. On trouve dans CCS différens ouvrages, de l’imagination, du savoir et de l’esprit ; mais on y voit encore plus d’idées singulières , de ne» sublililés, U’cxpreAsions barbare*. 7 ABA

Don Gervaisc donna , en 1720, en 2 voL in-12, la Fie d’Jbailard et d’ Héloïse. Trois ans après, il fit imprimer en 2 vol. in-12 les véritables lettres de ces deux amans , avec des notes historiques et critiques, et une traduction qui n’est qu’une longue paraphrase où l’on rencontre assez souvent des expressions libres el légères. On a’ publié , sous le nom d’Abailard el d’Hélo’ïsc , différentes lettres, qui sont purement romanesques. "N’oyei Pope et Colardeaii. La meilleure édition des véritables Lettres d’Abailard et d’Hélo’i'se est celle de Londres, 1718, in-S", en latin. Elle a été revue sur les meilleurs manu», crits , et n’est pas commune. On en a donné de belles éditions en 1782 ; 2 vol. in-12, avec une traduction nouvelle par Bastien , et en 1796 , 5 vol. in-4o avec la Vie des auteurs , par de Launaye , et la traduction ou paraphrase de dom Gcrvaise ; mais toutes ces éditions, faites pour réhabiliter la mémoire de ces deux amans, faire l’apologie de leurs amours , et donner de la célébrité au dérèglement de leur jeunesse, ne sont connues que des frivoles lecteurs de romans, f^oyez HELOÏSE. ’ ABAiXCOURT (Charles-Xav. Joseph Franque ville d’) , neveu du ministre Galonné , né à Douai , était capitaine au régiment de Mcslre-de-camp, cavalerie, lorsque la révolution éclata. Comme beaucoup d’autres esprits éclairés , il se laissa séduire par les nouveaux principes , mais sans jamais s’écarter de la modération. Louis XVI le jugea digne de sa confiance ; et après les événemens du 20 juin 1792 , cet infortuné monarque , croyant faire un choix agréable au parti conslitutionner, lui confia le ministère de la guerre. M. d’Abancourt ne parut qu’une fois aux séances de l’assemblée législative. Les agens du pouvoir exécutif étaient accusés, par quehiues Jionmies du camp de Soissons , d’avoir mêlé du verre pilé au pain des soldats ; il les justifia , en démontrant que cet accident avait été le résultat dn hasaid , et pouvait tout au plus être attribué à la négligence de quelques subalternes. Les ennemis de M. d’Abancourt no s’en tinrent pas là : le 10 août, dénoncé comme ennemi de la liberté , il fut enfermé à l’iKjtel de la Force , el ftit ensuite transféré dans les prisons de la haute cour nationale à Orléans ; ramené de là à Versailles , pour être conduit à Paris , fl y f ut massacré devant la grille de l’orangerie. • ABANCOIIIIT (FnAnçoiS-JsAxWiHemain d’), Utiératcor cl poète, né à Paris