214. PRÉCIS DE L’HIST. DE LA REVOLUTIOIS FRANC.
L’élablissement de l’empire parut clore le cercle de la révolution. Des hommes de parti qui avaient survécu aux crises politiques, Bonaparte gagna les uns par des titres et des places ; les autres furent réduits par son autorité à une impuissante inaction. Le régime de la centralisation contint les factions diverses, et l’activité turbulente delà jeunesse fut dirigée vers les expéditions militaires. Aux longs déchiremcns de l’anarchie succédèrent plusieurs années d’ordre et de calme , et la réconciliation des Français s’opéra à l’ombre du trône impérial. Ce résultat inattendu de nos sanglantes discordes , ce pouvoir excessif qui succédait à une excessive licence comme pour en être la peine et la réparation, attestaient assez qu’une puissance supérieure à tous les conseils humains avait présidé aux destinées de la France. Bonaparte, choisi pour être l’instrument du ciel, fut élevé au rang suprême par un enchaînement de circonstances étonnantes dont quelques-unes semblaient devoir l’en écarter. Mais lorsque sa mission fut remplie , au moment même où parvenu au plus haut degré de la puissance et de la gloire , il voyait l’Europe tremblante à ses pieds , une suite d’événemens qui déjouaient tous les calculs , vint creuser l’abîme où il est tombé , et l’univers qui avait été étonné de son élévation, ne le fut pas moins de sa chute. Les Bourbons que l’on croyait pour jamais bannis du sol français , furent miraculeusement rappelés de l’exil, et remontèrent sur le trône de leurs ancêtres pour en être une seconde fois précipités dans la crise d’une nouvelle et prodigieuse révolution. Quel homme si aveugle méconnaîtrait, dans ces événemens extraordinaires, l’intervention visible de la providence ? Châlimens terribles pour les rois et pour les peuples, leçons éclatantes destinées à instruire les uns et les autres , rien n’a manqué à notre siècle. Puissent les nations comme les souverains, dociles à la leçon de l’expérience , éviter de nouvelles erreurs et les calamités qu’elles entraîneraient à leur suite ! Si le ciel est encore aujourd’hui chargé de nuages, si des passions désorganisatrices grondent sourdement dans les cœurs , confions nous à celui qui , selon l’expression de Bossuet préside à tous les temps, et prévient tous les conseils. Dieu, sans doute , après avoir tant de fois sauré la France , ne l’abandonnera pas dans l’avenir au génie du mal.
