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DE LA RÉVOLUTION FRANÇAISE. 207


tombèrent au pouvoir des Français. Venise cUe-mémc fut attaquée peu après par tKM armées. Bonaparte déclara la guerre à cette puissance dans un manifeste où il accusait le sénat vénitien davoir commandé, et le clergé d’avoir pr(^ché l’assassinat des soldats français. Augorcau s’avança pour réduire celte aristocratie qxil comptait onte siècles d’existence. A son approche, les nobles prirent la fuite, le dope abdiqua son autorité, et l’ancien {jouverncmcnl disparut pour faire place à une démocratie. Le contre-coup de cette révolution se fit sentir à Gènes où un descendant des Doria prodama la souveraineté du peuple. Ainsi furent fondées, sous les auspices de Bonaparte, les républiques cisalpine et li{jurienne. Le roi de Sardaignc, le roi de Naples, Venise, et le pape Pie VI furent forcés d’acheter chèrement la paix. Pendant que tes armées françaises triomphaient en Italie, et par les idées qu’elles y apportaient soulevaient les peuples et bouleversaient les gouvcmemens, Moreauqui avait succédé àPichegfru, passait le Rhin et pénétrait jusqu’en Bavière ; ^, Jourdan, à la tète d’une seconde armée, s’avançait vers la Bohème. Leur plan était de forcer les montagnes du Tyrol, » t de donner la main à l’armée d’Italie. L’archiduc Charles qui commandait les Autricliiens, recula d’abord devant des forces supérieures ; mais bientôt saisi> ant le moment de reprendre l’offensive, il tomba à l’improvistc sur Jourdan qui s’était trop éloigne de Moreau, le battit à Bamberg, et le força de se retirer précipitamment sur la rive gauche du Rhin avec les débris de ses troupes. Moreau découvert sur sa gauche par la fuite de Jourdan, menacé à droite par les forces qui descendaient d ; i Tyrol, et pressé de front par une armée égale à la sienne, exécuta alors c tte belle retraite qui demeurera célèbre dans les annales de la guerre. Cependant Bonaparte victorieux en Italie après un court repos, pénétra dans le Tyrol, où il se trouva en face de l’archiduc Charles qui avait remplacé des généraux malheureux. Le prince autrichien, malgré son habileté, ne put tenir devant l’impétuosité d’une armée française animée par le souvenir de ses triomphes récens. Il fut obligé de reculer jusqu’à trente lieues de Vienne. La terreur était dans cette capitale ; Bonaparte offrit la paix, et elle fut acceptée. Par le traité de Campo-Formio mii fut conclu le il octobre I707. la ^cl^l^ue et la Lombardie furent assurées à la Tiance ; l’Autriche obtint la république de Venise.

Les victoires de Bonaparte l’avaient popularisé en France. Son retour h Paris après 1 conclusion de la paix excita un enthousiasme général. Une réception solennelle

li fut faite par le Directoire dans la cour du palais du Luxembourg. Les applaudis-M

mens de la foule éclatèrent lorsqu’il parut. Talleyrand, ministre des relations extérieures, prononça un discours où il était facile de démêler le pressentiment de la grandeur future du nouveau César, c Quand je pense, disait-il, à tout ce que Bona• parte a fait pour se faire pardonner sa gloire, à ce goût antique de la simplicité » qui le (Ji’^linguc, à son amour pour les sciences abstraites, à ses lectures favorites, » à re subliiue Ossian qui semble le détacher de la terre, quand personne n’ignore • son mépris profond pour l’éclat, pour le luxe, pour le faste, ces méprisables ambilions des âmes communes, ah ! loin de redouter ce qu’on voudrait appeler son ■ ambition, je sens qu’il faudra peut-être le solliciter xuijour^ pour l’arracher aux • douceurs de sa studieuse retraite. La Franre entière sera libre ; peut-être lui ne » le sera jamais. » j.VcxK>c du Directoire, le corps législatif donna une fête au gaufrai victorieux, et l’institut nouvellement créé l’admit au nombre de ses membres. vu milieu de ces honneurs dont on le comblait, lionapartc affectait une modestie h ravers laquelle des esprits clairvoyans pénétraient pourtant son ambition. Alarmé ie son immense réputation, le Directoire résolut à tout prix de l’éloigner, et arrêta • d’Egypte. Bonaparte ne se méprit pas sur la pensée secrète du Direct comprit que le moment n’était pas encore vcim de s’emparer du pou-- ^. <, cl il s’abandonna avec enthousiasme à cette expédition gigantesque qui lui offrait une nouvelle occasion d’étonner l’Europe.

I^ 19 mai 1798, Bonaparte partit de Toulon pour cette lointaine campagne, à la il dix neuf mille hommes, accompagné de Klébcr, Bcrthier, Desaix, Davousl, -. Murât, Lcclerc, Menou, Marmoiit, Junot, cl escorté dune compagnie do -^.— ; is dont la mission était d’explorer les antiques monumens de l’iigypte. L’expédi•*>n débarqua à Aboukir le 1" juillet, et le lendemain Klébcr s’empara d’Alexandrie.