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PRÉCIS

DE L’HISTOIRK

DF LA RÉVOLUTION FRANCAISE.

« Tous ceux qui gouvcrnrnt ic scnlfnl aitiijrtiii a une forrc icajeare. Ili font plui ou moiui qu’ili ne penieol , et Irur» ronirili o’unt jamait manqua d’avoir dit tfftXs imprrvui. Ni ilt ne lont maîtres dci diipoiitioo* que Ici tirclet paitc» ont iniici dam Ici affairei, ni ili ne peuvent prévoir te court que prendra l’avenir, loio qu’ili puiitenl le (rrrcer. Cclui-ll teul tient tout en ta roain , qui sait Ir nom de et qui est et de ce qui o’ctl pat encore , qui prc’tide i tout Ict temps et prévient tout let cooteili. • UossoET, Ditcpurt lur rhliloire univtr$elU.

iroLTi décrire une révolulion, uniqrie peut-êlre dans les fastes de riiumanitc, pour peindre celle chute épouvantable d’une antique monarchie , qui a retenti dans le monde entier et dont le contre-coup ébranle encore le sol de l’Europe , il faudrait le génie de Bossuct. C’est avec cette hauteur de pensée, celte raison puissante, et ce vaste coup-d’œil qui distinjjualcnt l’aigle de Meaux , qu’il conviendrait d’exposer des événemcas aussi extraordinaires, d’en démêler les causes secrètes, et d’eti tirer pour lc5 rois et pour les peuples de graves et salutaires ensciyncmens. L’échafaud de Louis XVI , plus encore que celui de Qiarles T"^, est un théâtre , où l’historien pourrait faire reconnaître à des traits éclatans l’inlervcntion de celui qui tour à tour arrête et dccliaine les passions , qui éclaire ou aveugle la sagesse humaine , et qui tient dans sa main , du plus haut des cieux les cœurs des hommes et les rênes des empires. Mais sans nous élever à ces hautes considérations qui semblent réclamer la double autorité du génie et du sacerdoce , nous avons pensé que l’exposé simple et fidèle , sans préjugé et saiis esprit de parti , des principaux événemens de la révolution française offrirait quelque intérêt , el renfermerait une instruction que tous les bons esprits sauraient en tirer.

On a souvent répété que la révolution était faite en France dans les esprits et les mœurs bien long-temps avant de l’être dans le gouvernement. Il suflitcn effet de jeter un coup d’œil sur les temps qui précédèrent la grande explosion qui eut lieu en 1780 , povu" se convaincre qu’une foule de causes concouraient depuis long-temps à préparer cette crise sociale, dont on ne pouTailétre préservé que par une puissance de génie et une force d’autorité qui ne se trouvaient nulle part. Le règne de Louis XIV s’élait écoulé sans orages intérieurs. Cependant durant celte longue période il s’était fait dans les esprits un changement peu favorable à l’autorité royale. — Le prestige dont l’éclat des conquêtes, la grandeur des monumens, et la magnificence des fêtas avaient entouré ce monarque dans sa jeunesse disparut dans les dernières années de sa vie. Le malheur de ses armes , quelques actes rigoureux , le poids des impots , la misère du peuple excitèrent des mécontentemens. A l’admiration et «u respect presque religieux qu’il avait d’abord inspirés , aux louanges dont on l’avait enivré, à cette soumission aveugle qu’il avait trouvée autrefois dans ses rfxirtisans, succédaient un examen sévère de ses actes, un esprit secret d’insubordi-Hin cl des censures amères. La dévotion rigide du vieux monarque et la décence • 1 imposait à tout ce qui l’approchait fatiguaient des seigneurs avides de plai- ^ et prompts à se dédommager loin de ses regards de la contrainte gênante où sa ^ence les avait tenus. — Déjà la société du duc d’Orléans , celle du dur et du grand jnieur de Vendôme se faisaient remarquer par un lil)ertinage audacieux, qui semblait annoncerun changement procliain dans les mœurs publiques. — I^ mort de Louis XÎV fut le signal de la réaction. Les chants obscènes qui accueillirent le ccraieil d’im