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COUP-D’ŒIL

SUR

L’HISIOIRE DES LITTÉRATURES DE L’EUROPE.

Ire PÉRIODE, (jusqu’en 1516.)

Apk^ avoir donné à Rome plusieurs grands poètes remarquables par leur éclat , et quelques historiens pleins d’éloquence, l’Espagne fut envahie par les Goths. La liltcrature latine cessa pres<iuc cnlièreinenl d’èlrc cultivée. La lan{jue latine seule 8ubsis>la dans ces contrées. On ne peut {juère mettre au rang des productions littéraires dignes d’être citées les essais informes de ces premiers barbares, conquérans de la péninsule il>érique. Le dernier roi des Goths, dont les passions effrénées attirèrent sur l’Espagne chrétienne le fléau de l’invasion des Musulmans, Rodéric, dit-on, était poète, et prit jKmr sujet de ses chants les malheurs qu’il avait causés. Sous le beau ciel de l’Ibérie , les enfans de l’Arabie polirent leurs mœurs. Dès le 12* siède , les Arabes ou Maures d’Espagne , possédaient des écoles publiques , célèbres par la réunion des plus habiles profess«urs ; des bibliothèques où l’on comptait jusqu’à cinq cent mille volumes. Les Abulféda , les Averroès, les Avicenna donnaient d’excellens traités sur les sciences et sur les lettres. Rien n’égalait la magnificence des roonumens d’architecture, que les califes avalent fait élever avec tant de somptuosité , et qui furent imités de l’Europe entière. Le latin barbare des siècles précédens fut dédaigné même par les chrétiens. Les vaincus , lorsqu’ils se livraient à l’enthousiasme pottique , adoptèrent souvent le langage des vainqueurs (l’arabe). S’ils avaient pris des Maures les idées d’une galanterie chevaleresque, les Espagnols n’en sentirent pas moins se réveiller avec une nouvelle ferveur leur zèle pour la religion chrétienne. Les traités de théologie et les romans de chevalerie , V^imadis de Gaule^ le Saint-Graat . et plusieurs autres ouvrages du même genre, remplissaient d’enthousiasme les vieux chrétiens qui, joignant bientôt aux idées répandues par ces romans religieux et guerriers quelques notions mythologiques, annonçaient déjà quel devait être un jour le caractère de la littérature espagnole, où l’on retrouve les formes brillantes et ponipcu.ses du style oriental, le mysticisme de la religion chrétienne , et l’éclat de l’ancienne mytiiologie.

Pendant que les Maures et les chrétiens cultivaient les lettres avec succès, les Israélites de la péninsule , ne restaient pas dans l’oisiveté ; ils donnèrent quelques bons ouvrages ; tout faisait présager une période brillante. Préparée par Alfonse X, Je marquis de Santillane, le comte de Villena et Mena, celte révolution eut lieu vers la K-condc moitié du lu’ siècle.

II* PERIODE. (1516—1701.)

nés le temps d’Isabelle et de Ferdinand, et sous Charles-Quint leur successeur, la re littéraire des Espagnols était préparée par mille exploits. Tout se réunissait jw.îir donner à ce peuple de nobles inspirations, et les victoires remportées sur les Maures, et la conquête d’un monde nouveau. Encore quelques années, les poètes rastillans ne devaient plus avoir besoin que de jeter un coup d’œil en arrière, pour iver dans leur propre histoire les sujets les plus brillans. Au commencement du if/ siècle , paraissent quelques poètes qui annoncent la l^illautc piTirnle des trois Phdippcs. Sous le rapjKjrt du style , ils sont restés les modèles inimitables de toutes les autres époques. C’était dans le cloître , au milieu des