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14 NOTICE


n’en fut pas une moins grande pour la religion qu’il avait constamment défendue contre les attaques de l’incrédulité et les sophismes de la philosophie moderne. Il avait repoussé toutes les innovations dangereuses. Doué d’une piété solide et éclairée, il était resté très attaché à son institut, qu’il regardait avec raison comme saint et utile, et il regretta toute sa vie l’état religieux. Rejeté dans le monde, il y vécut comme il l’aurait fait dans un collège de jésuites, fidèle aux mêmes devoirs, pratiquant les mêmes exercices, livré aux mêmes travaux. Son dévouement pour le saint Siège ne se démentit point ; quelques-uns ont trouvé ce dévouement outré, peut-être parce qu’ils péchaient eux-mêmes par le défaut contraire. Animé des intentions les plus droites, mais dominé par une vive imagination, on put quelquefois lui souhaiter plus de mesure, jamais plus de zèle. Dans la société, il était doux, complaisant et poli ; ses amis étaient nombreux et tous dignes d’estime. Il a beaucoup écrit, et s’il n’a pas toujours rencontré juste, il a au moins toujours cherché avec bonne foi la vérité ; jamais aucun autre intérêt n’a guidé sa plume.

On a de lui : 1° Jugement d’un écrivain protestant, touchant le livre de Justinus Febronius, 1771. C’est la réfutation du fameux ouvrage de M. de Hontheim, évêque de Myriophite et suffragant de Trêves, qui par la suite en rétracta la doctrine. 2° Entretiens de Voltaire et de M. P., docteur de Sorbonne, sur la nécessité de la religion chrétienne et catholique, par rapport au salut. 3° Lettre sur le dîner du comte de Boulainvilliers, facétie de Voltaire. 4° Examen critique de l’Histoire naturelle de M. de Buffon. L’abbé de Feller y attaque la théorie de la terre de cet auteur. 5° Une édition de l’Examen de l’évidence intrinsèque du christianisme traduit de l’anglais de Jenyns, avec des notes, un volume in-12, 1779. Jenyns, l’un des lords du commerce, après avoir été fort religieux dans sa jeunesse, tomba dans le déisme. 6° Dissertation en latin sur cette question : Num solâ rationis vi, et quibus argumentis demonstrari potest non esse plures uno deos, et fueruntne unquam populi aut sapientes qui hujus veritatis cognitionem absque revelationis divinoe ad ipsos propagatoe auxiliis habuerunt ? Cette question avait été proposée par l’académie de Leydc. Le prix fut adjugé à un discours