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SUR L'ABBÉ DE FELLER. 13


lique, les atteintes portées à la saine doctrine, le bouleversement des séminaires et des écoles ecclésiastiques, pouvaient sans doute exciter le zèle de Feller, et il lui était bien permis de se prononcer contre des mesures funestes ; mais du blâme qu’elles méritaient, à l’approbation de la révolte contre le souverain, il y a loin, et il nous paroît difficile de justifier Feller dans tout ce qu’il fit et écrivit sur un sujet si délicat.

En 1794, l’approche des armées françaises et leurs succès dans la Belgique obligèrent l’abbé de Feller de quitter Liègze. Il se retira en Westphalie, où l’évêque de Paderborn l’accueillit avec bienveillance, et lui donna un logement dans l’ancien collège des jésuites. Au bout de deux ans, il quitta ce séjour pour aller à Barteinstein, résidence du prince de Hohenlohe, l’avait invité à s’y rendre ; enfin, en 1797, il se fixa à Ralisbonne. Le prince-éveque de cette ville lui fit l’accueil le plus favorable, l’admit dans son intimité, et s’en faisait accompagner dans ses voyages à Freysingen et à Berchtesgaden, domaines de son évêché. Des offres avantageuses avaient été faites à l’abbé de Feller ; il aurait pu trouver un établissent en Italie et en Angleterre ; mais il préféra à ces différens partis l’honorable hospitalité que lui accordait le prince-évêque, jusqu’à ce qu’il pût retourner dans sa patrie, vers laquelle se portaient tous ses vœux, et qu’il ne devait plus revoir.

Au mois d’août 1801, il fut saisi d’une fièvre lente, qui sans paraître d’abord dangereuse, mina insensiblement ses forces. L’hiver avait semblé lui rendre quelque vigueur, lorsque la fièvre qui l’avait quitté le reprit au printemps, et le progrès du mal lui fit bientôt sentir que sa fin approchait. Il se prépara à la mort avec le calme d’un vrai chrétien. Le 27 avril 1802, il se fit apporter le saint viatique, qu’il reçut avec une foi vive. Le 12 mai suivant, ayant éprouvé une faiblesse, il demanda qu’on lui lût les prières des agonisans. Comme il les savait par cœur, il en prononçait lui-même les paroles. On dit même qu’à un passage où il est question de sainte Thècle, il se rappela et récita des vers de saint Grégoire de Nazianze en l’honneur de cette sainte. Il languit encore. quelques jours, et le 21 mai 1802, il expira dans de grands sentimens de piété.

Si la mort de Feller fut une perte pour les lettres, elle


1. D