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12 NOTICE


mission de voyager, il parcourut la Hongrie, l’Autriche, la Bohême, la Pologne, et une partie de l’Italie, ses tablettes à la main, observant les mœurs et le caractère des peuples, et notant ce que les divers lieux offraient d’intéressant ou de curieux pour l’histoire, la physique, l’histoire naturelle, l’agricullure, le commerce, etc. Il visitait les bibliothèques, les archives des monastères, les manufactures, et descendait jusque dans les mines ; de sorte qu’il revint avec de bons mémoires, pleins de faits et d’anecdotes, qu’il a depuis mis en ordre, en y ajoutant des observations recueillies dans d’autres pays, où depuis il eut occasion de voyager. Cet ouvrage précieux a été publié en 1820.

Le P. de Feller revint dans les Pays-Bas en 1770. Le 15 août de l’année suivante, il s’engagea par les quatre vœux. Il enseigna encore à Nivelle depuis son retour ; mais ses supérieurs lui firent quitter cette carrière pour celle de la prédication. C’est là que sa belle mémoire, chargée des richesses que de longues études lui avaient acquises, le servit merveilleusement ; s’il n’improvisait point ses sermons, du moins il n’avait pas besoin d’une longue préparation. On assure qu’il ne commençait son plan que l’avant-veille du jour où il devait prêcher ; le lendemain il employait quelques heures à le méditer, et le troisième jour il prononçait son discours avec une facilité d’élocution qu’on aurait crue être le produit d’un long travail.

C’est au milieu de ces occupations que le P. de Feller eut la douleur de voir abolir un institut qu’il chérissait, et où il avait passé ses plus belles années. Il remplissait alors les fonctions de prédicateur dans le collège des jésuites à Liège ; il prit l’habit d’ecclésiastique séculier, et ne quitta point cette ville. Il se dévoua à la profession d’homme de lettres, si souvent dégradée par des productions coupables, et il résolut de l’ennoblir en consacrant sa plume à la composition d’ouvrages utiles à la religion. Il publia plusieurs écrits jusqu’en 1787, époque où éclata la révolution brabançonne : on sait qu’il y prit part, qu’il écrivit pour elle, et qu’il fut chargé de rédiger le recueil des pièces imprimées alors pour soutenir l’insurrection. Les innovations de l’empereur Joseph II, le danger auquel ces innovations exposaient la religion catho-