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SUR L'ABBÉ DE FELLER. 11


le soin donné aux ouvrages profanes n’avait pas ralenti ses études religieuses : l’Ecriture sainte et l’Imitation de Jésus-Christ n’étaient pas moins présentes à sa mémoire que les auteurs classiques, et l’on assure qu’il suffisait de lui indiquer un chapitrc de la Bible ou d’A-Kempis, pour qu’aussitôt il le récitât tout entier. Ses leçons formèrent d’excellens élèves, dont les prémices littéraires, recueillies dans les Musœ Léodienses, faisait concevoir les espérances les plus flatteuses, et attestaient l’habileté du maître.

Apres avoir fourni sa carrière dans l’enseignement, le P. de Feller fut envoyé à Luxembourg, pour y apprendre la théologie. Il s’était, de longue main, préparé à cette étude nouvelle. Pendant qu’il enseignait la rhétorique, il avait lu les principaux ouvrages des Pères ; et il avait parcouru à plusieurs reprises la théologie dogmatique du P. Petau. Cette science ne lui offrit que peu de difficultés : il trouva du temps pour une autre tâche qui lui fut imposée. On le chargea de prêcher en latin le carême devant un auditoire nombreux, composé de jeunes gens qui étudiaient à Luxembourg la théologie, la philosophie et la rhétorique. On fut étonné de la facilité avec laquelle Feller s’acquitta de ce ministère ; on ne le fut pas moins de la beauté et de la solidité de ses discours. Cependant il ne les écrivait point, et quelques heures de méditation lui suffisaient pour disposer dans sa mémoire le développement des divers points qu’il avait à traiter.

Le P. de Feller n’avait pas fini son cours de théologie en 1763, lorsque les jésuites furent supprimés en France. Le roi Stanislas les avait conservés en Lorraine, et l’impératrice Marie-Thérèse dans ses états héréditaires.Une partie des jésuites français reflua dans les collèges des Pays-Bas ; pour leur faire place, les jeunes jésuites qui n’avaient point achevé leur théologie allèrent la continuer dans d’autres provinces. Le P. de Feller était de ce nombre, et fut envoyé à Tirnau, en Hongrie, où les jésuites avaient un bel établissement ; il y fut bien reçu, et son mérite ne tarda point à s’y faire connaître. On le chargea de prononcer divers discours académiques ; il le fit de manière à augmenter encore la bonne opinion qu’on avait conçue de lui. Il passa dans les pays étrangers environ cinq ans dont il profita pour augmenter son instruction. Ayant obtenu la permission-