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arrivé encore au terme de la félicité. On sait que les Carmes ont longtemps regardé Elie comme leur fondateur. Voyez Saint Albert,.patriarche de Jérusalem et Papebroch.

ELIE ou Ëlias Levita, rabbin du 16° siècle, natif d’Allemagne, passa la plus grande partie de sa vie à Rome et à Venise, on il enseigna la langue hébraïque à plusieurs savans de ces deux villes et même à quelques cardinaux. C’est le critique le plus éclairé que les juifs modernes presque tous superstitieux, aient eu. Il a rejeté, comme des fables ridicules, la plupart de leurs traditions. On lui doit i° Lexicon Chaldaïcum, Isne, 1541, in-fol. ; 2° Traditio Doctrinœ en hébreu, Venise, 1538, in-4 ; avec la version de Munster, Bâle, 1530, in-8 ; 3° Collectio locorum, in quibus Chaldœus paraphrastes interjecit nomen Messiœ Christi, latinè versa a Genebrardo ; Paris, 1552, in-8. 4° plusieurs Grammaires hébraïques, in-8, nécessaires à ceux qui veulent approfondir les difficultés de cette langue ; 5° Nomenclatura hebraïca, Isne, 1542, in-4. Idem en hébreu et en latin, par Drusius Franeker, 1681 in-8.

ELIEN (Claudius Ælianus), rhéteur et philosophe, vit le jour à Preneste, aujourd'hui Palestrine. Quoique né en Italie, et n'en étant presque jamais sorti, il fit de si grands progrès dans la langue grecque, qu'il ne cédait pas aux écrivains athéniens pour la pureté du langage. Il enseigna d'abord la rhétorique à Rome ; mais dégoûté bientôt de cette profession, il se mit à composer plusieurs ouvrages. Ceux que nous avons de lui sont : 1° 14 livres intitulés, Historiæ variæ, qui ne sont pas venues entières jus-


qu'à notre siècle. La meilleure édition est celle qu'Abraham Gronovius publia à Leyde en 1731, 2 vol. in-4, avec de savans Commentaires. La variété de ces histoires est effectivement fort grande. On y apprend des choses tout-à-fait incroyables, quelquefois plaisantes par l'excès d'absurdité. Comme lorsqu'on voit les cochons devenir les fondateurs de l'agriculture; car ce sont eux, suivant Elien, qui nous ont appris le labourage. « Moïse, dit un auteur qui a

» sagement raisonné là-dessus, nous
» en découvre une plus noble ori-
» ine, lorsqu'il nous dit (Gen. III,
» p. 23) que Dieu lui-même en im-
» posa la loi. Il faut convenir, ajoute
» t-il, que les philosophes de tous les
» temps nous ont appris effective
» ment d'étranges choses : mais ce
» qui est particulièrement remarqua
» ble, c'est la prédilection qu'ils ont
» toujours eue pour les cochons. Tan-
» dis qu'Elien nous les donne pour
» les fondateurs de l'agriculture, Pyr-
» rhon en fait le modèle des sages
» (voyez son article). Que dire de la
» plus nombreuse et de la plus fa-
» meuse secte philosophique, dont
» les membres s'efforçaient avec tant
» d'ardeur et de succès d'être Epi-
» curi de grege porcus. »

2° Une Histoire des animaux, en 17 liv., Londres, 1714, 2 vol. in-4. L'auteur mêle à quelques observations curieuses et vraies, plusieurs autres triviales ou fausses. Il est aussi menteur que Pline; mais Pline avait une imagination qui embellissait les fables, et les lui fait pardonner. Ces deux ouvrages sont certainement d'Elien. On y voit le même génie dans l'un et dans l'autre, et la même variété de lecture. Elien, selon l'usage des philosophes, débitait de très-belles maximes; il peignait la cour des princes comme le séjour