Page:Feller - Dictionnaire historique - 1818 - T01-AA-AAZ.djvu/415

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
ARI ARI 295


éveillé… Soyons amis de Socrate et de Platon, et encore plus de la vérité… Les lettres servent d’ornement dans la prospérité, et de consolation dans l’adversité. » Aristote confia, en mourant, ses écrits à Théophraste, son disciple et, son successeur dans le Lycée ; mais ils ne sont pas parvenus en entier et sans altération jusqu’à nous. (Voy. Apellicon.) Les plus estimés sont sa Dialectique, sa Morale ; son Histoire des animaux ; sa Poétique et sa Rhétorique. Le précepteur d’Alexandre montra, dans ce dernier ouvrage, que la philosophie est le guide de tous les arts. Il creusa avec sagacité les sources du bel art de persuader, il fit voir que la dialectique en est le fondement, et qu’être éloquent, c’est savoir prouver. Tout ce qu’il dit sur les trois genres, le délibératif, le démonstratif et le judiciaire ; sur les passions et les mœurs ; sur l’élocution, sans laquelle tout languit ; sur l’usage et le choix des métaphores, mérite d’être étudié. Aristote fit cet ouvrage suivant les principes de Platon, sans s’attacher servilement à la manière de son maître. Celui-ci avait suivi la méthode des orateurs : son disciple crut devoir préférer celle des géomètres. Sa Poétique est un traité digne du précédent ; l’un et l’autre furent composés pour Alexandre. Quant à la philosophie, il mêle à des vues justes et profondes, des erreurs grossières et des obscurités qui ont donné bien de l’exercice a ses commentateurs. Un de ses principes favoris est que, l’âme, acquiert ses idées par les sens ; principe combattu par de célèbres métaphysiciens, et qui, dans le Sentiment même, d’Aristote, doit s’entendre occasionellement, comme s’exprimaient les Arabes, c’est-à-dire, que les sens


sont l’occasion des idées, que l’âme se forme elle-même des choses matérielles. « Mais, il y a, dit un philosophe, bien des idées dont les sens ne sauraient même être l’occasion. Il n’y a rien que, nous concevions plus distinctement que notre pensée même ; ni, de proposition qui puisse nous être plus claire que celle-ci : Je pense, donc je suis. Qu’on nous dise, si l’on peut, par » quel sens sont entrées dans notre esprit les idées de l’être et de la pensée. » Sa Rhétorique, a été traduite en français par Cassandre, et sa Poétique par Dacier et Le Batteux. (V. ces articles.) La meilleure édition des ouvrages d’Aristote est celle de Paris, au Louvre, 1619, donnée, par Duval, en 2 vol. in-fol., grecs et latins. On peut consulter un ouvrage de Jean de Launoi : De varia Aristotelis fortunâ, celui de Patricius, Peripateticae discussiones, et un traité du P. Rapin, Comparaison de Platon et d’Aristote.

ARISTOTE de Chalcide, a écrit une Histoire d’Eubée, citée par Hypocration et par le scoliaste Apollonius. — Diogène Laërce parle de plusieurs autres Aristote, dont l’un gouverna la république d’Athènes, et publia des Harangues fort élégantes ; l'autre écrivit sur l’Iliade d’Homère ; un troisième, natif de Cyrène, fit un Traité de l’art poëtique ; etc.

ARISTOTE, c’est le même que Alberti-Aristotile. V. ce mot.

ARISTOTIME, tyran d’Elide, vivait du temps de Pyrrhus, roi des Epirotes. Après avoir exercé des cruautés inouïes, il fut tué dans un temple de Jupiler, par Thrasybule et Lampis ; auxquels Hellanicus en avait inspiré le dessein. Sa femme et ses deux filles se pendirent de désespoir avec leurs ceintures.