viii AVERTISSEMENT.
bien lié et bien soutenu dans toutes ses parties (a[1]) ; il avoue ingénument que son ouvrage contient bien des articles qui ne sont pas de son goût, quoiqu’il n’ose encore les désavouer, pour des raisons dont il ne juge pas à propos de nous instruire. Il a été impartial, à ce qu’il dit, dans les articles qu’il a traités, et qu’il distinguera un jour de ceux qu’il a adoptés sans en répondre. Avertiss. p. xxiv.
Or, je le demande, si l’auteur est dans le cas de désavouer un jour les articles qu’il a adoptés sans en répondre, et qui très-vraisemblablement font le plus grand nombre (b[2]), pourquoi attendroit-on justement ce jour, pour faire un triage si nécessaire ? Que sait-on quand ce jour viendra ? Le parti le plus raisonnable et le plus sûr, est de s’occuper incessamment d’un travail dont M. Chaudon reconnoît la nécessité. J’en appelle à lui-même. Si mon projet lui paroît déraisonnable, je suis sûr qu’il aura la bonne foi d’avouer que le sien n’est pas bien sage ; et s’il persiste à approuver le sien, il approuvera encore davantage le mien, qui s’exécute promptement, et n’attend pas un jour incertain et indéterminé pour passer de l’état de projet à celui de l’existence.
Il est nécessaire, pour l’intelligence de divers passages de la Chronologie, de se reporter à l’époque où l’abbé feller écrivait, le texte de l’auteur ayant été scrupuleusement respecté, ainsi que nous l’avons annoncé dans notre Prospectus.
- ↑ (a) S’ils sont tous philosophes à la mode, le sont-ils tous également ? ont-ils abjuré toutes les vérités religieuses, ou en ont ils conservé quelques-unes ? ont-ils tous le même degré de fureur et de morgue ?… S’ils sont Chrétiens, le sont-ils tous parfaitement ? sont-ils tous aussi instruits, aussi sages qu’il faut l’être pour n’écrire que des choses vraies, utiles et décentes ?… Pour qu’une société produisît un bon ouvrage, il faudroit, 1°. Que tous les membres eussent été formés dès la jeunesse sur les mêmes principes. 2°. Qu’ils eussent une parfaite confiance dans l’auteur principal, et qu’il le laissassent le maître absolu de réformer leur travail comme il le jugeroit à propos. 3°. Que celui-ci, aussi profondément savant que zélé pour le succès de l’ouvrage, veillât avec soin à former un ensemble parfaitement assorti dans toutes ses parties… Je laisse aux hommes penseurs à déterminer le degré de possibilité d’une telle société, dans la tems où nous sommes.
- ↑ (b) Le titre même du livre l’annonce. Il est naturel da croire que tous les membres de la société de gens-de-lettres pris collectivement, ont fourni plus d’articles que son chef. Or, tous ces articles sont adoptés ; on n’en répond pas, on les distinguera un jour de ceux que l’auteur principal a traités.