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vi AVERTISSEMENT.


[1]des tems d’ignorance, qui infectaient la jurisprudence et la théologie de toutes les nations, sont ramenées à tous les articles qui se prêtent à cette digression, pour peindre en noir quelque pontife ou quelque protecteur zélé de la foi antique (*[2]). La haine du christianisme se manifeste également dans les éloges prodigués, souvent sans aucune moditicatioti ni restriction, aux plus forcenés de ses détracteurs.

A ces anciens défauts, on peut ajouter que la nouvelle édition présente des marques insignes de mauvaise foi, en ce que les auteurs n’ont pas corrigé les assertions, sur lesquelles le tems et de nouveaux documens ont répandu assez de lumières, pour rendre leurs erreurs absolument inexcusables. Telle est la manière dont ils parlent de la prétendue conjuration de Portugal , et à laquelle ils n’ont rien changé, quoique la disgrâce du ministre, les accusations intentées contre lui, la pleine justification des plus illustres victimes de sa tyrannie, enfin toute la conduite du gouvernement actuel eussent dû suffire pour leur donner sur cet objet des idées différentes. — Telles sont encore ces dégoûtantes narrations des prétendues cruautés, exercées envers Montezuma, Atabalipa, Guatimosin, etc., quoique les Lettres authentiques de Cortez, publiées par Mr. de Flavigny, eussent dû dissiper ces imaginations romanesques (*[3]). — Que dire des Lettres de Ganganelli, dont la supposition n’est pas encore démontrée pour les rédacteurs ?

Cependant il faut l’avouer, la morgue philosophique se fait moins sentir dans ce Dictionnaire, que dans la plupart des productions de ce tems. Une froide indifférence semble avoir glacé leurs auteurs, à l’égard d’une infinité d’objets où les beaux-esprits du jour se donnent l’essor le plus rapide et le plus brillant. De-là vient que bien des personnes très-attachées aux bons principes, se sont persuadées, que malgré une multitude énorme de bévues et d’erreurs de tous les genres, cette compilation ne fera point sur les esprits d’effet bien funeste.

  1. peuple, et de prendre avec fureur le parti de tous les fanatiques de la liberté ?... Il faut avoir des principes et être conséquent, ou il faut se résoudre a abandonner la fastueuse qualité de précepteur du genre humain.
  2. (*) Exactement comme si en parlant des philosophes, qui durant quatre mille ans ont prétendu instruire les hommes, on disait à chaque article : Il ne connoissait pas le mouvement de la terre ; il admettait l’horreur du vide, et les antipéristases ; ou en parlant des anciens guerriers : Il ne faisait pas usage du fusil et des canons.
  3. (*) Voyez le Journal Historique et littér. 15 mars, 1779, pag. 393.