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AVERTISSEMENT.

naires ; déjà celui-ci est adopté comme un livre classique ; ses ridicules même sont des oracles pour les savans du jour. Que sera-ce de la jeunesse, qui n’a aucune ressource à opposer à la séduction ? Non, on ne peut douter que cet ouvrage, quoiqu’utile et estimable à certains égards, bigarré par un mélange de très-bonnes et de très-mauvaises choses, ne soit un de ceux qui aura contribué le plus à la fatale révolution qui se fait dans les idées humaines.

Il m’a donc paru que c’étoit rendre un service essentiel à la religion, aux lettres, à la vérité de l’histoire, que de donner un Dictionnaire assorti à l’usage & au goût des personnes qui, par leur attachement aux bons principes, sont fâchées de trouver dans un livre d’un si grand usage une multitude de jugemens calomnieux, inconséquens, contradictoires. Le chef de la société de gens-de-lettres a lui-même senti la nécessité de ce projet. Il a compris que tout ouvrage rédigé par une société, à moins de supposer des circonstances singulièrement rares & bien difficiles à réunir, ne pouvoit être qu’un assemblage monstrueux[1] ; que des gens de lettres imbus de principes différens, attachés

  1. C’est à tort que M. Diderot a fait de l’Encyclopédie l’humiliante critique qu’on lit dans les Mémoires de M.