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AVERTISSEMENT.

le fiel coule à grands flots de la plume des lexicographes ; ils ne savent trouver des épithètes assez odieuses, pour caractériser des démarches, qui souvent ne sont que l’effet d’une illusion générale. C’est ainsi que le respectable Bernard de Percin de Montgaillard, abbé d’Orval, homme très-vertueux, mais un peu ligueur, joue un rôle dans une association détestable ; tandis que les rebellions les plus criminelles sont présentées sous les traits les plus propres à les justifier[1] Les vieilles erreurs devenues dominantes dans des tems d’ignorance, qui infectoient la jurisprudence et la théologie de toutes les nations, sont ramenées à tous les articles qui se prêtent à cette digression, pour peindre en noir quelque pontife ou quelque protecteur zélé

  1. Celles des Hongrois, par exemple, dont les rédacteurs font continuellement l’apologie, comme étant l’effet naturel et nécessaire de la tyrannie, de l’oppression, des exactions de la maison d’Autriche, etc. Les hommes sages n’ont garde d’approuver la ligue ; ils savent un peu mieux que nos philosophes, que dans aucun cas possible, il n’est permis aux Chrétiens de se soulever contre l’autorité légitime. Mais n’est-il pas absurde de répéter continuellement ces vieilles et ennuyeuses diatribes, contre une démarche inconsidérée de quelques Catholiques ; et de poser en même tems les principes qui autorisent tous les genres de révoltes, de déclarer les souverains agens du peuple, et de prendre avec fureur le parti de tous les fanatiques de la liberté ?… Il faut avoir des principes et être conséquent, ou il faut se résoudre a abandonner la fastueuse qualité de précepteur du genre humain.