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principe combattu par de célèbres métaphysiciens et qui dans le sentiment même d’Aristote doit s’entendre occasionnellement, comme s’exprimaient les Arabes, c’est-à-dire, que les sens sont l’occasion des idées que l’ànie se forme elle-même des choses matérielles. « Mais il y a, dit un philosophe, bien » des idées dont les sens ne sauraient même être » l’occasion. Il n’y a rien que nous concevions plus » distinctement que notre pensée même, ni de pro- » position qui puisse nous être plus claire que celle- » ci, je pense, donc je suis. Qu’on nous dise, si l’on » peut, par quel sens sont entrées dans notre esprit » les idées de l’être et de la pensée. » Sa Rhétorique a été traduite en français par Cassandre et par M. Gros, sa Poétique par Dacier et Le Batteux, ses Politiques par Champagne, 1797, par Millon, 1805, et plus anciennement par L. Leroi, dit Regius ; dans le même volume sont la République et le Phédon de Platon, traduits aussi en français par le même, Paris, 1600, in-fol. L’Histoire des animaux par Camus avec le texte grec à côté, et des notes, 1783, in-i. Le traité de Mundo, attribué à Aristote, se trouve en grec et en français dans l’Histoire des causes premières de Le Batteux, Paris, 17GS, in-8. ( Voy. ces articles. ) La meilleure édition des ouvrages d’Aristote est celle de Paris, au Louvre, 1619, donnée par Duval, en 2 vol. in-fol., grec et latin. On peut consulter un ouvrage de Jean de Launoi : De varia Aristotelis fortuna, celui de Patricius, Peripateticœ discussiones, et un traité du P. Rapin, Comparaison de Platon et d’Aristote.

ARISTOTE, de Chalcide , a écrit une Histoire d’Euhé.e ^ citée par Hypocratiou et par le scoliaste Apollonius. — Diogène Laërce parle de plusieurs autres Aristote , dont l’un gouverna la république d’Athènes , et publia des Harangues fort élégantes ; l’autre écrivit sur l’Iliade d’Homère ; un ti’oisième , natif de Cyrène, fit un Traité de l’art poétique, etc. ARISTOTE est le même que Alberti-Auistotile. Voy. ce nom.

ARISTOTIME , tyran d’Elide , vivait du temps de Pyrrhus , roi des Epirotes. Après avoir exercé des cruautés inouïes , il fut tué dans un temple de Ju- piter par Thrasybule et Lampis , auxquels Hella- nicus en avait inspiré le dessein. Sa femme et ses deux filles se pendirent de désespoir avec leurs ceintures.

ARISTOXÈNE , de Tarente en Italie , s’adonna à la musique et à la philosophie , sous Alexandre le Grand et sous ses premiers successeurs. Des 453 volumes dont Suidas le fait auteur, il ne reste que ses Eléments harmoniques , en 5 livres, qui est le plus ancien traité de musique qui soit parvenu jusqu’à nous. Meursius le publia à Leyde, en grec, en 1616, in-4. 11 avait déjà paru en latin avec les Harmoniques de Ptolérnée , par Ant. Hern-. Gogava, Venise, 1561, in-4. L’ouvrage d’Aristoxèn’e reparut bien plus correct dans le Recueil des musicien^ grecs, de Marc Meibomius, Amsterdam, 1652, 2 voi. in-i, avec de savantes notes.

ARIUS , roi de Sparte , fit alliance avec ùas , grand prêtre des Juifs, et lui écrivit une belle lctfe dans une feuille carrée , et scellée d’un cachet cù était empreinte la figure d’un aigle qui tient un


serpent dans ses serres. 11 lui faisait savoir qu’il avait trouvé dans les archives de Sparte , que les Juifs et les Lacédémoniens n’avaient qu’une même origine, étant descendus d’Abraham, et qu’ainsi ils devaient n’avoir que les mêmes intérêts. {Voy. le premier livre des Machabées , chapitre 12.)

ARIUS , chef et fondateur de la secte arienne ; naquit en Libye, ou , selon d’autres , à Alexandrie. Achillas , évêque de cette ville , le fit prêtre dans vu âge assez avancé , et le chargea de la prédica- tion et du gouvernement d’une de ses éghses. Son éloquence, ses mœurs austères, son airmortitié, semblaient le rendre digne du sacré ministère ; mais son ambition le perdit. Après la mort du saint évêque Achillas , le prêtre Arius , irrité de n’avoir pas été son successeur , combattit la doc- trine catholique sur la divinité du Verbe. 11 sou- tenait que le nom de Dieu ne convenait pas au fils ; que ce fils était une créature tirée du néant , capable de vertu et de vice ; qu’il n’était pas véri- tablement Dieu , mais seulement par participation , comme toutes les autres à qui on donne le nom de Dieu. En avouant qu’il existait avant tous les siè- cles, il affirmait qu’il n’était point coéternel à Dieu. Saint Alexandre, évêque d’Alexandrie , l’anathéma- tisa dans deux conciles, en 519 et en 521. L’héré- siarque , retiré en Palestine , gagna des évêques , parmi lesquels Eusèbe de Nicodémie et Eusèbe de Césarée furent les plus ardents (quoique ce dernier trouve quelques défenseurs parmi les critiques). Arius travaillait en même temps à répandre ses erreurs parmi le peuple ; il les mit en chansons : son poème intitulé Thalie (nom emprunté d’une pièce efféminée de Sotade , poète égyptien) , com- posé sur des airs infâmes , n’est qu’un tissu d’im- piétés et de louanges fades qu’il se donnait à lui- même. Eusèbe de Nicomédie assembla un concile foimé de la plus grande partie des évêques de la Bithynie et de la Palestine , qui leva l’excommuni- cation prononcée contre Arius. 11 voulut aussi faire entendre à l’empereur Constantin que cette ques- tion n’était qu’une vaine subtihté ; imposture que les philosophes modernes ne cessent de répéter , et qui n’en est pas moins le comble de Pabsurdité comme de l’impiété , puisque la divinité de J.-C, fondée sur la consubstantialité du Verbe , est le dogme fondamental du christianisme , et que si ce dogme n’est pas vrai , J.-C. a établi une religion fausse. 11 est clair, d’ailleurs, que si les trois per- sonnes divines le Père , le Fils et le Saint-Esprit , ne sont pas un seul Dieu , dans le sens le plus exact et le plus rigoureux, le christianism.e, tel qu’il sub- siste dans toutes les communions qui ne sont pas ariennes ou sociniennes , est un véritable poly- théisme , puisque nous rendons à ces trois per- sonnes divines le même culte suprême. Entre les païens et nous, il n’y aura point de différence, sinon qu’ils admettaient un plus grand nombre de dieux, et que nous savons déguiser notre polythéisme par des subtilités qui leur étaient inconnues. Enfin , J.-C. a déclaré qu’il était venu dans le monde pour apprendre aux hommes à rendre à Dieu le culte d’adoration en esprit et en vérité ; or , il veut que tous honorent le Fils comme ils honorent le Père.