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l’empire de Tiajan , cherchait la re’compense de la vertu dans la vertu même , ce qui est une espèce d’absurdité , car la vertu doit avoir un principe et un motif différent d’elle-même. Ayant été attaqué d’une longue maladie , il pria ses amis de demander aux médecins s’il pouvait espérer sa guérison, en leur déclarant que s’il n’y avait pas d’espéiance, il se donnerait la mort ; mais que si son mal n’était point incurable , il se résoudrait à souffrir et à vivre pour sa femme , sa lille et ses amis. Pline le Jeune en fait un bel éloge : mais n’eùt-il que la faiblesse du suicide , il est clair qu’il en faut beau- coup rabattre.

ARISTONICUS , fils d’Eumènes et d’une concu- bine d’Ephèse , irrité de ce qu’Attalus 111 avait donné le royaume de Pergame aux Romains, leva des troupes pour s’en emparer et s’y maintenir, et défit le consul Licinius Crassus, l’an 121 avant J.-C. La même année , le consul Perpenna le prit , et l’ayant fait conduire à Rome , il y fut étranglé en prison par ordre du sénat. Ce prince fut le dernier des Attalides , qui occupèrent le trône de Pergame l’es- pace de 154 ans.

ARISTOPHANE , poète comique grec , Athénien de naissance , qui vivait l’an 427 avant J.-C, fit retentir le théâtre d’Athènes des applaudissements que l’on donna à ses pièces. On lui décerna , par un décret public , une couroime de l’olivier sacré , en reconnaissance des traits qu’il avait lancés contre ceux qui étaient à la tète de la république , et qui paraissaient avoir besoin de cette correction. 11 avait composé 54 comédies ; il ne nous en reste plus que 41. Ce qui le distingue parmi les comiques grecs, est le talent de la raillerie. 11 saisissait les ridicules avec facilité, elles rendait avec vérité et avec feu. Platon a jugé favorablement ce poète, puisqu’il lui donne une place distinguée dans son Banquet , où il le fait parler suivant son caractère. On rapporte que le même Platon envoya à Denis le Tyran un exemplaire de cet auteur , en l’exhortant à le lire avec attention, s’il voulait connaître à fond l’état de la république d’Athènes. Les philosophes se sont déchaînés contre lui ; et la raison de cet acharne- ment , c’est qu’ils prétendaient que sa comédie des Nuées avait causé la mort de leur maître Socrate, qui fut condamné vingt-trois ans après. Voltaire est de tous ses critiques celui qui l’a le moins épar- gné; car il a été jusqu’à dire que ce poète comique^ qui n’est ni comique ni poète , n’aurait pas été ad- mis parmi nous à donner ses farces à la foire Saint- Laurent. Une telle assertion devait soulever la colère des savants ; aussi Brunck, un des plus habiles cri- tiques de nos jours pour la littératm-e grecque, n’a- t-il pu se dispenser de témoigner son indignation. 11 prétend que jamais Voltaire n’avait lu Aristo- phane en grec ; qu’Aristophane ne voulait pas plus la mort de Socrate que celle d’Alcibiade, de Cléon, de Périclès, de Phryné , d’Euripide , et autres qu’il a joués, sans influer sur la mort des uns ni des autres. Le reproche le plus fondé qu’on puisse lui faire , ce sont les obscénités grossières , les plates et ordurières bouffonneries dont il a parsemé ses pièces. Julien l’Apostat, écrivant à un de ses pontifes, et lui indiquant les moyens de rapprocher les mœurs


des païens de celles des chrétiens, ne manque pas de lui suggérer la défense de lire les ouvrages d’A- ristophane. Ludolphe Kuster a donné une édition magnifique des comédies d’Aristophane, en grec et en latin, avec de savantes notes, Amsterdam, 1710, in-fol. L’édition de Kuster a été réimprimée à Leyde en 1760, en 2 vol. in-4, par les soins de Burmann, cum notis variorum ; mais cette réimpression, quoi- que bien exécutée , n’a rien diminué du mérite de l’édition originale. Les comédies d’Aristophane sont : le Plutus , les Oiseaux , toutes deux contre les dieux et les déesses ; les Nuées, contre Socrate , où la va- nité et le genre de fanatisme propres à ce philo- sophe ne sont pas mal joués ; les Grenouilles , les Chevaliers , les Jrcaciens , les Guipes, la Paix, les Harangueuses, les Femmes au sénat, et Lysislrate. Nous avons une traduction française du Plutus et des Nuées, par madame Dacier, et des Oiseaux, par Boivin le Cadet. Poinsinet de Sivry a donné le théâtre d’Aristophane traduit en français, partie en vers, partie en prose, Paris, 1784, 4 vol. in-8. A.-C. Brottier, neveu de l’éditeur de Tacite, a tra- duit en prose tout le théâtre d’Aristophane dans les tome 10 à 13 du Théâtre des Grecs. M. Artaud en a donné une nouvelle trad. qui est estimée.

ARISTOPHANE, de Byzance, disciple d’Eratos- thène , et célèbre grammairien , mérita la place de surintendant de la bibliothèque d’Alexandrie , que le roi Ptolémée Evergèle lui donna. Il mourut dans un âge fort avancé , vei’s l’an 220 avant J.-C.

ARISTOTE, surnommé le prince des philosophes, naquit à Stagire, ville de Macédoine, l’an 584 avant J.-C. Son père Nicomachus était médecin, et descendait, dit-on, d’Esculape. Aristote l’ayant perdu fort jeune, dissipa son bien, se livra à la débauche, prit le parti des armes, et le quitta ensuite pour la philosophie. L’oracle de Delphes lui ordonna d’aller à Athènes ; il s’y rendit, entra dans l’école de Platon, et en devint l’âme et la gloire. On dit qu’il fut obligé, pour vivre, d’exercer la pharmacie. Continuellement livré au travail, il mangeait peu, et dormait encore moins. Diogène Laérce rapporte, que, pour ne pas succomber à l’accablement du sommeil, il étendait hors du lit une main, dans laquelle il tenait une boule d’airain, afin que le bruit qu’elle ferait en tombant dans un bassin, le réveillât. Après la mort de Platon, Aristote se retira à Atarne, petite ville de la Mysie, auprès de son ami Hermias, usurpateur de ce pays. Ce prince ayant été mis à mort par ordre du roi de Perse, Aristote épousa sa sœur qui était restée sans biens. Quand Alexandre le Grand eut atteint environ 14 ans, Philippe son père appela Aristote pour le lui confier. La lettre qu’il lui écrivit à l’occasion de sa naissance, fait honneur au prince et au philosophe : « Je vous apprends, lui disait-il, que j’ai un fils. » Je remercie les dieux, non pas tant de me l’avoir » donné, que de me l’avoir donné du temps d’A- » ristote. J’espère que vous en ferez un successeur » digne de moi et un roi digne de la Macédoine. » Les espérances de Philippe ne furent pas trompées. Le maître apprit à son disciple les sciences qu’il possédait, et cette sorte de philosophie qu’il ne communiquait à personne, comme dit Plutarque ; ce qui