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SUR L’ABBÉ DE FELLER. 11


étonné de la facilité avec laquelle Feller s’acquitta de ce ministère ; on ne le fut pas moins de la beauté et de la solidité de ses discours. Cependant il ne les écrivait point, et quelques heures de méditation lui suffisaient pour disposer dans sa mémoire le développement des divers points qu’il avait à traiter.

Le P. de Feller n’avait pas fini son cours de théologie en 1763, lorsque les jésuites furent supprimés en France. Le roi Stanislas les avait conservés en Lorraine, et rimi)ératrice Marie-Thérèse dans ses états héréditaires. Une partie des jésuites français refiua dans les collèges des Pays-Bas ; pour leur faire place, les jeunes jésuites qui n’avaient point achevé leur théologie allèrent la continuer dans d’autres provinces. Le P. de Feller était de ce nombre, et fut envoyé à Timau, en Hongrie, où les jésuites avaient un bel établissement ; il y fut bien reçu, et son mérite ne tarda point à s’y faire connaître. On le chargea de prononcer divers discours académiques ; il le fit de manière à augmenter encore la bonne opinion qu’on avait conçue de lui. Il passa dans les pays étrangers environ cinq ans dont il profita pour augmenter son instruction. Ayant obtenu la permission de voyager, il parcourut la Hongrie, l’Autriche, la Bohème, la Pologne, et une partie de ritalie, ses tablettes à la main, observant les mœurs et le caractère des peuples, et notant ce que les divers lieux offraient d’intéressant ou de curieux pour l’histoire, la physique, l’histoire naturelle, l’agriculture, le commerce, etc. Il visitait les bibliothèques, les archives des monastères, les manufactures, et descendait jusque dans les mines ; de sorte qu’il revint avec de bons mémoires, pleins de faits et d’anecdotes.

Le P. de Feller revint dans les Pays-Bas en 1770. Le 15 août de l’année suivante, il s’engagea par les quatre vœux. Il enseigna encore à Nivelle depuis son retour ; mais ses supérieurs lui firent quitter cette carrière pour celle de la prédication. C’est là que sa belle mémoire, chargée des richesses que de longues études lui avaient acquises, le servit merveilleusement ; s’il n’improvisait point ses sermons, du moins il n’avait pas besoin d’une longue préparation. On assure qu’il ne commençait son plan que l’avant-veille du jour où il devait prêcher ; le lendemain il employait quelques heures à le méditer, et le troisième jour il prononçait son discours avec une facihté d’élocution qu’on aurait crue être le produit d’un long travail.

C’est au milieu de ces occupations que le P. de Feller eut la douleur de voir abolir un institut qu’il chérissait, et où il avait passé ses plus belles années. Il remplissait alors les fonctions de prédicateur dans le collège des jésuites à Liège ; il prit l’habit d’ecclésiastique séculier, et ne quitta point cette ville. Il se dévoua à la profession d’homme de lettres, si souvent dégradée par des productions coupables, et il résolut de l’ennoblir en consacrant sa plume à la composition d’ouvrages