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2 PREMIÈRE PARTIE.


ont senti la difficulté toutes les fois qu’ils ont voulu en fixer les règles. Difficiles à déterminer dans l’arabe littéraire, ces règles le deviennent encore davantage quand il s’agit de l’arabe dialectal, où tout semble, à cause de diverses inlluences étrangères et locales, plus ou moins capricieux et instable.

Dans certains cas, à Kfâr cabîda, ainsi qu’en syriaque, en hébreu et dans bon nombre de dialectes arabes modernes, notamment dans les parlers du Liban, le hamza classique tend à s’affaiblir ou à perdre complèlement sa valeur consonantique. Mais on verra qu’il y a aussi une série de cas où le ’ est non seulement maintenu, mais renforcé ou même créé de toutes pièces. Pour être aussi clair et aussi complet que possible, on l’étudiera successivement en tant qu’initial, en tant que médial et en tant que final[1], et on lâchera, à l’aide de nombreux exemples, de formuler des règles générales.

1° Hamza (’) initial.

CONSERVATION — a. En règle générale, le hamza initial se maintient avec sa prononciation classique toutes les fois qu’il ouvre une syllabe fermée[2] qui porte l’accent tonique du mot. Les exemples en sont nombreux :’(irze cèdre n < cl.’dnu" ;’àrd « terre » < cl.’lirglu « ;’ôçba’ « doigt » < cl.’{sbtz’it » (3l ;’tibré « aiguille » <cl. ’z’bmlu" ;’g’nt « lois <cl.’(inla ;’lllul raclion de prendre » <cl. ’ciMu « ;’(is ! « origine » < cl.’âslu » ;’(ihlaggsâhla « soyez le bienvenu » < cl.’d/zla « (rasé/ale » ;’ribliçl « sol, simple » (métathèse) <cl.’ziblaliu ;’ûda l « ) « chambres < néo-cl.’licjagu » (cl. turc alfa) ; ’6m’“ « mères <cl.’tlmnm" ;’(llal « parents, famille, habitantSn <cl.’âhlu « ;’älu « sœur » <cl.’tilglu » ;’ÿlÿfiï c:pains » < cl.’zirÿifatu «  (plur. (le raÿîfit » ); ’ç’ns « genre humain n <cl.’i’nsu", —’6blha « phy- sionom ie allit’ere, orgueil n < cl.’äbbahatu" ;’(itlçr ce il impressionne, il laissa des traces n < cl.’(iÛÛum ;’iiîg’a « salaire-n <cl.’tiï’ratu’; ’(in’çn o:il se plaignit », cf. cl.’(bma « il gémit”; ’(iuçiuil meubla (une maison, une chambre) », (dénominalil de’täl « meubleSn <cl. ’afiâôu"), soit cl.’dÛÛaÛa(inusilé dans ce sens) ;’tldda « il paya (une

dette) », cl’. cl.’tiddä (\/’—d—y) ;’âman « il a cru » < cl.’âmanu ;


i“) A Côté de’ngba’u « ,’agtbi’u »,’ugrbu’u « , usbïu », etc. e— Pour les mots qui pré- sentent ninsi plusieurs wmalisalions classiques, on ne transcrire dans ce travail que celle qui concorde avec lu vocalisation du parler.

m A côté de’dugla. On a dit qu’une syllabe à voyelle longue équivaut à une syllabe fermée. Ici en outre elle est accentuée.

  1. ll s’agit ici naturellement non de la finale classique, mais de celle de notre parler; en effet. dans la langue classique, ’ ne peut être réellement final que dans quelques personnes du conditionnel et de l’impératif des verbes tertiae'; ex. :’in yâqra’ « s’il lit » ; iqra’ « lis » ; etc.
  2. Ou une syllabe à voyelle longue qui en est l’équivalent.