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est tombée devant nous. À la vue de cette tête coupée, ta femme se lamenta en plusieurs manières, et, sans écouter ce que le roi lui disait pour la retenir, elle subit la mort simultanée (c.-à-d. la mort avec son mari).

« Quand les conseillers lui eurent dit ces paroles, l’homme garda quelque temps le silence, puis il poussa un long soupir et dit au roi : « Hé ! grand roi, les gens du monde font l’éloge de ta fidélité dans l’accomplissement du devoir et de toutes tes autres qualités si nombreuses. D’où vient qu’elles sont nulles et non avenues pour moi, sans qu’il y ait de ma part aucune faute ? Grand roi, si, tout en sachant à quel point je chéris ma femme, tu as eu pour elle une passion, tu ne dois pas céder à cette passion. J’ai été quelque temps sans voir ma bien-aimée, et j’en ai l’esprit troublé. — Le roi, ayant entendu ces paroles, répondit : — Il n’y a point de passion, je l’affirme hautement. — Grand roi, reprit l’homme, je sais jusqu’où va ta fidélité au devoir. Maintenant, il faut me rendre ma femme : donne-la moi donc, ou livre-moi la tienne.

« En entendant ces paroles, le roi, par crainte de violer le devoir, alla de sa per-