Page:Feer - Contes indiens, 1883.djvu/256

Cette page a été validée par deux contributeurs.

de paroles ? Il n’est pas dans la nature d’un homme de bien de répandre sans raison un tel flux de paroles. Cet homme répand un flux de paroles inutiles ; il faut donc de toute nécessité que ce soit un homme excessivement méchant. Jamais un homme de bonne caste ne ferait un bruit tel que celui d’une cloche où il n’y a pas plus de sens que dans le bavardage de cet homme : d’où je conclus que celui qui dit beaucoup de paroles est sans valeur. — Le roi, ayant fait ce raisonnement, en lui-même, n’adressa pas même un mot à cet homme qui, après être resté là quelque temps, s’en retourna chez lui.

« Le lendemain, ce même homme à peine vêtu, le visage contracté, vint se présenter à l’auguste Vikramâditya. Le roi, en le voyant, lui dit : Parle, qu’est-ce que cela ? Hier, tu étais venu ici revêtu d’habits magnifiques ; aujourd’hui, tu viens à peine vêtu, ne portant que de sales haillons. — Eh ! grand roi, répondit l’homme, je suis un joueur : aujourd’hui, j’ai perdu au jeu tout mon bien, et il ne m’est resté que de quoi couvrir ma nudité. — À ces mots, le roi sourit doucement et dit : C’est bon ! telle est la voie des joueurs ! L’individu qui désire acquérir des