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quelque chose de plus populaire[1], qui ne font point partie de la littérature officielle autorisée, ont une certaine saveur qui manque aux monuments grandioses de la pensée brahmanique ; ils peignent davantage l’esprit des classes inférieures et la vie quotidienne. Non pas que ces contes représentent fidèlement l’état actuel ; ils doivent avoir une certaine antiquité, et se rapporter au temps où l’Inde, non encore subjuguée, était sous la discipline du brahmanisme intact et florissant. Ils nous offrent donc, si je ne me trompe, un tableau de l’esprit indien, au temps du brahmanisme, mais en dehors du monde brahmanique officiel, quelque

  1. Cette proposition semblera peut-être paradoxale, la poésie paraissant être le caractère propre des compositions primitives et populaires ; mais, dans la littérature indienne, le vers est la forme naturelle des écrits officiels, des compositions faisant autorité. Les textes sacrés sont généralement en vers ; les explications et les commentaires sont en prose. Les recueils de fables, avec lesquels nos contes ont beaucoup d’analogie, sont en prose, mais en prose entremêlée d’une foule de vers qui sont, pour ainsi dire, la partie dogmatique de ces compilations. Nos contes n’ont pas même de vers, circonstance qui semble dénoter un genre d’écrits encore plus éloigné des textes officiels, partant plus populaire.