Page:Feer - Contes indiens, 1883.djvu/180

Cette page a été validée par deux contributeurs.

temple situé au milieu de cette forêt résidait un Siddha[1]. En voyant ce Siddha, le roi Vikramâditya lui fit la révérence avec foi. Le Siddha lui dit : Roi Vikramâditya, pourquoi es-tu venu ? — Le roi répondit : Eh ! Yogî,je suis bien Vikramâditya lui-même ; comment le sais-tu ? — Je t’ai vu auparavant dans la ville d’Avantî sur le trône royal, reprit le Siddha ; tu as quitté ton royaume pour courir les pays étrangers ; cela n’est pas bien. Quand un roi reste dans son pays, toujours occupé des soins de la royauté, la fortune lui demeure fidèle. Aussi ne convient-il pas au roi de se promener dans les contrées étrangères ; car, s’il est hors de ses États, les armées ennemies s’efforceront de prendre le pays pour en jouir. — Le roi Vikramâditya répondit à ce discours : Ce qui doit nécessairement arriver est sans remède. S’il y avait un remède, le roi Nala et bien d’autres n’auraient pas tant souffert. Ainsi, tout est soumis à la fatalité. De quoi donc ai-je à me préoccuper ? Aussi je veux te raconter une ancienne histoire :

  1. Siddha (« qui a réussi »), homme arrivé à la perfection. Ce terme est synonyme de Yogî.