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toute puissante ; il était libre de désirs, complètement affranchi de tout attachement. Ce qu’il disait à qui que ce fût réussissait infailliblement. Le roi apprit tout le cas de ce yogî par la rumeur publique, et lui dépêcha les pandits de son conseil avec l’ordre de le lui amener. Le yogî ne se rendit pas à l’invitation que les pandits lui firent de la part du roi, il leur répondit : L’homme qui est sans désirs considère comme un brin d’herbe une femme d’une beauté sans pareille : celui qui est sans péché considère Yama[1] comme un brin d’herbe ; celui qui n’a point de cupidité considère la royauté et la souveraineté comme un brin d’herbe.

« Les pandits, revenus près du roi, lui redirent ce qu’ils avaient entendu de la bouche du yogî. À l’ouïe de leur rapport, le roi dit : Le yogî a bien parlé ; des gens sont venus lui demander de venir près du roi ; c’est moi qui l’ai fait chercher, et il n’est pas venu. J’en conclus que ce yogî a parlé avec un désintéressement extrême.

« À la suite de ce raisonnement, le roi se rendit lui-même auprès du yogî, qui, voyant

  1. Le dieu des morts, l’Hadès et le Pluton des Indiens.