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« Après cela, Kamalâkar se rendit dans la ville de Kâncî. Il y trouva une jeune fille nommée Naramohinî[1] qui se tenait dans une maison où nulle autre personne n’habitait. La porte en était toujours ouverte. L’architecte de cette maison était un Râxasa nommé Durjaya ; il y venait (chaque jour) à la tombée de la nuit. Si quelque étranger entrait dans cette maison et s’y arrêtait troublé par la vue de la jeune fille, le Râxasa, arrivant à la tombée de la nuit, le dévorait. Plusieurs passants moururent de cette manière.

« Kamalâkar avait entendu raconter toute cette histoire. De retour dans son pays, il la rapporta un jour au roi et ajouta : Ô grand roi, donne-moi cette femme si belle. — Le roi y consentit ; il prit Kamalâkar avec lui et se rendit à Kâncîpurî près de la jeune fille Naramohinî. À la vue de cette jeune fille, le roi n’éprouva pas le moindre trouble ; il était, au plus haut degré, ferme et maître de ses sens. Ensuite, à la nuit, le Râxasa tenta de manger le roi. Au premier cri, le roi porta la main à la garde de son épée et se mit en devoir de combattre ; il engagea aus-

  1. « Celle qui trouble les hommes ».