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l’impulsion du chef et dont toutes les parties, bien reliées, se meuvent ensemble et concourent au même but. Et cela est excellent. Mais elles pourraient aussi donner l’idée que, comme le rouage mécanique, le rouage administratif ne peut transmettre le mouvement qu’en laissant perdre de la force. Et cela est une idée fausse : le rouage administratif — tout chef intermédiaire — peut et doit être producteur de mouvement et d’idées. Il y a dans chacun de ces rouages, dans chacun de ces chefs intermédiaires, une force d’initiative qui, bien employée, peut étendre considérablement la puissance d’action du chef de l’entreprise. Ce n’est donc pas uniquement dans la déperdition de la force initiale à travers la multiplicité des transmissions qu’il faut chercher la limite d’action d’un organisme administratif. C’est plutôt dans une insulïisance de l’autorité supérieure : la force centrifuge l’emporte quand la force centrale faiblit. La vie végétale a été aussi l’occasion de nombreux rapprochements avec la vie sociale.

Au point de vue du développement, sur la jeune tige unique de l’arbre, prennent naissance des branches qui sc ramifient et se couvrent de feuilles. Et la sève porte la vie dans toutes les branches et jusque dans les rameaux les plus ténus, comme l’ordre supérieur porte l’activité jusqu’aux extrémités les plus infimes et les plus lointaines du corps social.

Les arbres « ne grandissent pas jusqu’au ciel » ; les corps sociaux ont aussi leurs limites. Est-ce insuffisante force d’ascension de la sève dans le premier cas, insuffisante capacité administrative dans le second ?

Mais certaine force, certaine puissance que l’arbre ne peut atteindre par son seul développement, peuvent résulter du groupement, de la juxtaposition, de la forêt. C’est ce que l’entreprise obtient par les ententes, les comptoirs, les trusts, les fédérations. Chaque unité, conservant une assez large