Page:Fayol, Henri - Administration industrielle et générale, 1917.djvu/84

Cette page n’a pas encore été corrigée

d’un relèvement social, pour les enfants au moins. Le programme exige déjà quelques calculs, mais il peut tenir dans le cerveau du chef de la famille.

Dans la petite industrie ouïe petit commerce, les affaires plus complexes exigent un degré de prévoyance de plus. Ceux, qui ne sont pas pourvus de cette capacité le paient chèrement. On rend généralement hommage aux qualités de nos classes moyennes.

Nous savons quelle est l’importance’de la prévoyance dans la grande entreprise et quelles qualités elle exige chez le personnel dirigeant : compétence professionnelle, expérience, capacité administrative, activité, courage moral, etc. Cet ensemble de qualités se trouve dans la majorité des grandes entreprises françaises.

Pour autant qu’il nous est permis d’en juger par la lecture des débats parlementaires, on n’en peut dire autant de l’Etat français.

Les prévisions annuelles (budget) y sont rarement terminées en temps utile ;

Les prévisions k long terme y sont rares. Dans cette immense entreprise, qui a besoin d’une extrême prévoyance, on vit un peu au jour le jour. Pourquoi ?

La raison immédiate est Vinstabilité ministérielle . Des ministres qni ne font que passer n’ont pas le temps d’acquérir la compétence professionnelle, l’expérience des affaires et la capacité administrative qui sont indispensables pour la confection d’un programme d’action. L’éloquence de la tribune qui est, il n’est que trop vrai, de première nécessité pour un ministre, ne le dispense pas des connaissances que donnent, au bout d’un certain temps, la pratique des affaires et l’exercice du pouvoir. Une certaine stabilité s’impose. L’instabilité ministérielle est une plaie pour le pays.