Page:Fayol, Henri - Administration industrielle et générale, 1917.djvu/79

Cette page n’a pas encore été corrigée

programme est devenu une habitude, la peine et les difficultés sont grandement réduites.

L’intérêt qu’il présente va, au contraire, en augmentant : l’attention que réclame la réalisation du programme ; la comparaison qui s’impose entre les faits prévus et les faits réels ; la constatation des erreurs commises et aussi des succès obtenus ; la recherche des moyens de reproduire les uns et d’éviter les autres, tout cela fait du programme nouveau un travail de plus en plus intéressant et de plus en plus utile. En faisant ce travail le personnel accroit sa valeur d’année en année et il se trouve au bout d’un certain temps très supérieur à ce qu’il était au début.

A la vérité, ce résultat n’est pas uniquement dû h l’exercice de la prévoyance. Mais tout se tient : un programme bien étudié ne va pas ordinairement sans de saines pratiques d’organisation, de commandement, de coordination et de contrôle. Cet élément de Y administration influe sur tous les autres.

c) Le manque de suite dans l’action et les changements injustifiés d’orientation sont des dangers qui menacent constamment les affaires sans programme. Le moindre vent contraire fait dévier le navire qui ne s’est pas préparé à résister. Lorsque surgissent de graves événements, des changements regrettables d’orientation peuvent être décidés sous l’influence d’un trouble profond, mais passager. Seul, un programme mûrement étudié en période tranquille permet de conserver une claire vision de l’avenir et do concentrer sur le danger présent la plus grande somme possible do facultés intellectuelles et de forces matérielles. C’est surtout dans les moments difficiles qu’un programme est nécessaire. Le meilleur programme n’a pu prévoir d’avance tous les événements extraordinaires qui peuvent survenir ; mais il a fait une part à ces événements et il a préparé les armes dont on pourra avoir besoin au moment des surprises.