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déficit. Voilà donc la participation aux bénéfices exclue d’un grand nombre d’entreprises.

Restent les entreprises économiques prospères. Parmi celles-là, le désir de concilier, d’harmoniser l’intérêt de l’ouvrier et celui du patron n’est nulle part plus grand que dans les industries minières et métallurgiques françaises. Or, je ne connais pas, dans ces industries, d’application nette de la participation des ouvriers aux bénéfices. On peut en conclure immédiatement que la chose est extrêmement difficile, sinon impossible. Elle est en effet très difficile.

Qu’une affaire soit ou non en bénéfice, l’ouvrier a besoin d’un salaire immédiat qu’il faut assurer. Un système qui ferait dépendre entièrement la rémunération de l’ouvrier d’un bénéfice éventuel futur est inapplicable. Mais peut-être une part du salaire pourrait-elle provenir des bénéfices généraux de l’entreprise ? Voyons

Au regard de tous les facteurs qui interviennent, la part de l’activité ou «île l’habileté plus ou moins grande d’un ouvrier sur le résultat final d’une grande entreprise est impossible à établir ; elle est d’ailleurs tout à fait insignifiante. La part qui pourrait lui revenir d’un dividende distribué serait tout au plus de quelques centimes sur un salaire de 5 francs, par exemple, c’est-à-dire que le moindre effort supplémentaire — un coup do pioche, un coup de lime — profitant directement à son salaire, serait plus avantageux pour lui. L’ouvrier n’a donc aucun intérêt à être rémunéré par une participation aux bénéfices proportionnelle à l’action qu’il exerce sur ces bénéfices.

Il est à remarquer que, dans la plupart des grandes affaires, l’augmentation du salaire, qui s’est réalisée depuis une vingtaine d’années, représente une somme totale supérieure au montant des répartitions faites au capital.