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fois proclamer la nécessité des grands principes d’autorité, de discipline, de subordination des intérêts particuliers à l'intérêt général, d’unité de direction, de coordination des efforts, de prévoyance, etc ., etc . ?

Il faut croire que la proclamation ne suffit pas. C’est que la lumière des principes, comme celle des phares, ne guide que ceux qui connaissent le chemin du port. Un principe, sans les moyens de le réaliser, n’a pas d’efficacité.

Ces moyens ne manquent pas non plus ; ils sont innombrables. Mais bons et mauvais s’étalent alternativement et simultanément dans la famille, dans l’atelier et dans l’Etat, avec une persistance qui ne s’explique que par l’absence de doctrine. Le public n’est pas en mesure de juger les actes administratifs.

Il importe donc d’établir le plus tôt possible une doctrine administrative.

Ce ne serait ni bien long ni bien difficile si quelques grands chefs se décidaient à exposer leurs idées personnelles sur les principes qu’ils considèrent comme les plus propres à faciliter la marche des affaires et sur les moyens les plus favorables à la réalisation des principes. La lumière sortirait bientôt de la comparaison et de la discussion. Mais la plupart des grands chefs n’ont ni le temps ni le goût d’écrire et ils disparaissent le plus souvent sans laisser ni doctrine ni disciples. Il ne faut donc pas trop compter sur cette ressource. Il n’est heureusement pas nécessaire de gouverner une grande entreprise ni de présenter une étude magistrale pour apporter un concours utile à la constitution d’une doctrine. La moindre observation bien faite a sa valeur, et, comme le nombre des observateurs possibles est illimité, on peut espérer que, le courant une fois établi, il ne s’arrêtera plus ; il s’agit de déterminer ce courant, d’ouvrir la discussion publique ; c’est ce que j’essaye de faire en publiant ces études.

J’espère qu’une doctrine en sortira.