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renseignements et j’ai vu que c’est une règle générale : les ingénieurs ne se servent pas des mathématiques supérieures clans l’exercice de leurs fonctions et les directeurs pas davantage.

Il faut apprendre les mathématiques, c’est entendu ; mais dans quelle mesure ? Telle est la question qui se pose et que les professeurs ont presque toujours été seuls à résoudre jusqu’à présent. Or, en pareille matière, les professeurs me paraissent particulièrement redoutables, et d’autant plus qu’ils sont plus savants et plus zélés. Ils voudraient transmettre toute leur science et trouvent que les élèves quittent toujours trop tôt les bancs de l’école. De là beaucoup d’efforts inutiles et beaucoup de temps perdu. Et l’industrie qui a besoin de jeunes gens bien portants, souples, sans prétention, je dirais meme pleins d’illusions, reçoit souvent des ingénieurs fatigués, anémiés de corps et d’esprit, moins bien disposés qu’on peut le souhaiter aux besognes modestes et à ces beaux efforts qui rendent tout facile.

Je suis convaincu qu’on pourrait les rendre plus tôt à la vie active et tout aussi bien préparés, en supprimant de l’enseignement actuel les choses inutiles.

L’administration, qui comporte l’application de nombreuses connaissances et de beaucoup de qualités personnelles, est surtout l’art de manier les hommes ; et dans cet art, comme dans beaucoup d’autres, c’est en forgeant qu’on devient forgeron. C’est l’une des raisons pour lesquelles il faut le plus tôt possible rendre à la vie active les futurs ingénieurs ; un trop long séjour sur los bancs de l’école a beaucoup d’inconvénients.

A mon avis, dans cette question de mesure, c’est l’industrie qui doit avoir voix prépondérante. C’est elle qui utilise les produits des écoles ; comme tout consommateur, elle a le droit de faire connaître ses désirs, et cela lui serait facile en France par l’intermédiaire des deux organes qui la représentent : le Comité des Forges et le Comité des Houillères.