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par des intermédiaires, il est évident qu’il ne peut les connaître tous individuellement et que la connaissance qu’il en a s’affaiblit à mesure que leur nombre augmente. Cela n’empêche pas absolument toute action personnelle directe, celle de l’exemple entre autres.

2° Elimination des incapables .

Pour maintenir son unité en bon état de fonctionnement le chef doit éliminer ou proposer l’élimination de tout agent devenu, pour des raisons quelconques, incapable de bien remplir sa fonction. C’est un devoir impérieux toujours grave, souvent ardu.

Prenons, par exemple, le cas d’un ancien serviteur, haut placé, estimé et aimé, qui a rendu de grands services et dont es facultés se sont affaiblies — sans qu’il s’en rende bien compte — au point de gêner la marche de l’entreprise. L’élimination est devenue nécessaire. Mais qui est juge de cette nécessité ? Qui est chargé de fixer le moment précis de l’exécution ? Le chef seul, sans que, aucun principe, aucune règle ne couvrent sa responsabilité. Le souvenir des services rendus, l’affection, les répercussions certaines inclinent à faire ajourner une mesure qui va surprendre et chagriner profondément un agent dévoué et respecté ; seul, l’intérêt général, dont le chef est juge et responsable, l’impose sans délai. Le devoir est dicté ; il faut l’accomplir habilement et courageusement ; ce n’est pas à la portée du premier venu.

Le corps social tout entier se sent atteint par l’amputation de l’un de ses membres, d’un membre important surtout. La sécurité de chacun des agents serait troublée, sa confiance dans l’avenir et par suite, son zèle, seraient diminués, s’il n’avait pas la conviction que l’opération était nécessaire et juste.

Cette conviction, il faut la donner.