Page:Fayol, Henri - Administration industrielle et générale, 1917.djvu/137

Cette page n’a pas encore été corrigée

Il faut donc gagner au moins deux ans sur le temps consacré aux mathématiques supérieures et à quelques détails inutiles des cours techniques. Je suis convaincu que cela peut être fait en préparant les élèves du génie civil beaucoup mieux qu’ils ne le sont au jourd’hui à leurs destinées industrielles. Reste la question du service militaire que je ne crois pas devoir examiner ici.

On ne saurait s’occuper avec trop de sollicitude de la formation de ces jeunes gens sur qui repose en grande partie l’avenir industriel du pays. C’est cette pensée qui m’a déterminé à formuler ici quelques conseils que je leur donnerais volontiers, si c’était, en mon pouvoir, au moment ou ils vont quitter les bancs de l’Ecole.

Conseils aux futurs ingénieurs

Vous êtes heureux de penser que vous allez enfin pouvoir être utiles et vous avez le légitime désir de conquérir une situation honorable en rendant des services. Les qualités que vous allez avoir à mettre en œuvre ne sont pas exactement celles qui permettent d’arriver aux premiers rangs à l’Ecole. Ainsi la santé, l’art de manier les hommes, la tenue, qui ne sont pas cotés aux examens, ont une certaine influence sur le succès de l’ingénieur. Les circonstances aussi sont diverses ; il n’y a donc rien d’étonnant à ce que les premiers et même les majors ne soient pas toujours ceux qui réussissent le mieux. Vous n’êtes pas préparés à prendre la direction d’une entreprise, même petite. L’Ecole ne vous a donné ni les notions administratives, ni les notions commerciales, ni même les notions de comptabilité nécessaires à un chef d’entreprise. Vous les eût-elle données qu’il vous manquerait encore ce qu’on appelle pratique , expérience et qui ne s’acquiert qu’au contact des hommes et des choses.