Page:Fayol, Henri - Administration industrielle et générale, 1917.djvu/135

Cette page n’a pas encore été corrigée

On prend ici l’effet pour la cause. Les mathématiques ne sont pour rien, ou pour bien peu de chose, dans la considération qui s’attache à l’Ecole polytechnique : cette considération résulte des privilèges réservés par le gouvernement aux élèves de cette école et de la valeur naturelle de ces élèves.

Sans ces privilèges, le prestige de l’Ecole aurait bientôt disparu ; ce ne sont pas les mathématiques qui le soutiendraient.

Si, au contraire, ces privilèges étant maintenus, on cotait dans les examens d’entrée et de sortie les mathématiques sur le même pied que la chimie, la géologie ou les exercices physiques, et si, de plus, l’art de parler et d’écrire bénéficiait d’une cote de faveur, l’Ecole serait tout aussi recherchée qu’auparavant, la grande majorité des élèves ne seraient pas moins aptes à remplir les postes qui leur sont réservés, mais du coup les mathématiques supérieures auraient perdu tout leur prestige.

Recrutés parmi les enfants intelligents du pays tout entier, les élèves de l’Ecole polytechnique constituent incontestablement une élite. Seraient-ils moins une élite sans l’excès de mathématiques auquel ils sont soumis ? Est-il bien certain ([lie cet enseignement ne leur est pas plus nuisible qu’utile ? On doit se demander pourquoi les mathématiques supérieures, dont les chefs d’entreprises ne font pas usage, qui servent peu aux ingénieurs et aux militaires, qui ont peu d’action et plutôt une action mauvaise sur le jugement quand on en surcharge les jeunes étudiants, sont restées au tout premier rang du programme d’admission et du classement en cours d’études de l’Ecole polytechnique. J’ai été attristé en constatant que l’opinion générale attribue cette pratique à la facilité de classement que les mathématiques donnent aux examinateurs.

Quoi qu’il en soit, je fais des vœux pour que l’Ecole polytechnique réduise ses programmes (le mathématiques,