Page:Fayol, Henri - Administration industrielle et générale, 1917.djvu/134

Cette page n’a pas encore été corrigée

Ce n’est donc pas non plus de ce côté que se trouve l’explication du prestige national des mathématiques. Quant aux ingénieurs des établissements miniers ou métallurgiques, qu’ils soient sortis de l’Ecole Centrale, d’une Ecole des mines ou d’une Ecole d’arts et métiers, je ne les ai jamais vu se servir des mathématiques supérieures dans l’accomplissement de leur service. Seuls, ceux qui s’occupent plus particulièrement de construction — et ce sont généralement des élèves d’arts et métiers qui n’ont pas suivi le cours de mathématiques supérieures — font assez fréquemment usage de formules qu’on trouve dans les formulaires. Inutile de faire remarquer que la science essentielle des grands chefs, l ’administrât ion , n’a absolument rien de commun avec les mathématiques supérieures. La seule explication plausible que j’aie trouvée du prestige des mathématiques supérieures dans notre pays est la suivante :

L’Ecole polytechnique jouit dans notre pays d’un prestige très grand et justifié.

Ce prestige vient :

1° Des situations que l’Etat réserve aux élèves de cette école dans les fonctions publiques et dans l’armée, situations qui leur donnent une influence considérable dans beaucoup de grandes entreprises publiques et privées ; 2° De la valeur personnelle des élèves. 11 est tout naturel que la jeunesse intelligente et studieuse fasse de grands efforts pour obtenir le titre de polytechnicien et en recueillir les avantages. Les familles, les dirigeants do l’enseignement, orientent tous les enfants intelligents vers ce but.

Et comme c’est surtout par les mathématiques que l’on entre à l’Ecole et qu’on en sort dans les premiers rangs, le public conclut que les mathématiques sont la science par excellence puisqu’elle conduit à des situations recherchées.