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À Travers l’Inde en Automobile

qu’il est Dieu comme son Père, qu’il poursuit la mission qu’il s’est tracée. S’il n’y a pas en lui de Divinité, le Christ n’en reste pas moins un fou sublime qui veut couvrir ses actes et ses paroles du pavillon de Dieu. Boudha, lui, simplement, se reconnaît humain, mais le premier, le meilleur de tous, le seul qui possède la vérité. Il se pose en modèle, en initiateur, non parce qu’il s’attribue une puissance divine, mais parce qu’il croit être l’unique créature illuminée. Il nie le Brahma, l’être suprême des religions Indoues, il déclare que les dieux inférieurs tiennent le milieu entre les hommes et lui, Boudha. Un moment il songea ne pas faire participer l’humanité aux bienfaits de la vérité. Il se rend aux supplications des rois et des peuples, il daigne se mêler aux vulgaires pour l’instruire.

Sa charité est une condescendance, sa moralité une ostentation destinée à l’élever dans l’opinion publique au-dessus des dieux et l’une des manifestations de son incommensurable orgueil. On éprouve une sorte d’exaspération devant l’image de ce sournois mielleux, ce faux-frère de l’humanité qui, sous prétexte de l’aider, de lui montrer la voie, l’arrête dès les premiers pas en disant : « Contemplez-moi d’abord, moi le Boudha, l’unique, le seul que la lumière ait visité ».