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En Bengale

plutôt que de laisser encore dans la souffrance les mânes de ses ancêtres.

Les constructions Boudiques de Boudgaya ont été exhumées assez récemment, elles ne comptent que deux ou trois temples, dont le principal simule une pyramide immense en briques et pierres blanches, flanquée aux quatre coins de pyramides semblables mais plus petites.

Chaque parcelle de matériaux susceptible de porter une sculpture est frappée à l’image de Boudha ; Boudha assis, Boudha rêvant, Boudha bedonnant, Boudha en relief, Boudha gravé, Boudha ciselé. À l’intérieur, nudité complète des murs et des salles, mais dans l’ombre Boudha en or, gigantesque, colossal. Boudha cynique et patelin qui contemple l’humanité pécheresse en se grattant l’orteil et exulte à part lui dans la conscience de sa force et de sa sagesse. Il n’y a pas de façon plus répugnante d’exploiter l’inlassable crédulité humaine que celle employée par Boudha pour se faire rendre un culte. Un orgueil incommensurable, le désir de l’annihilation pour échapper aux maux de la vie sont les caractéristiques de sa religion. Un de ses historiens raconte que l’idée de se retirer du monde, d’abandonner sa femme et ses parents, lui vint au cours d’une promenade à éléphant. Ayant rencontré successivement un vieillard, un infirme, un mort, le spectacle de la dégradation physique de l’homme le frappa si vivement, qu’il résolut d’y échapper par tous les moyens. Chez lui, la peur de vivre et de mourir devient une obsession. Il condamne tout ce qui peut propager et soutenir l’une, il défend d’infliger l’autre, il tourne comme un dément dans le cycle inévitable de la naissance au tombeau. Finalement, il déclare que la religion Brahmanicale, que l’ascétisme ne délivrent d’aucune de ces terreurs, que seule la possession de la sagesse, l’illumination de la vérité, peuvent satisfaire l’âme et la conduire au bien suprême du néant. Tranquillement, le bonhomme s’assoit sous un ficus (le rejeton existe actuellement), il demeure là sept jours dans un état d’hébétude, puis il se proclame Boudha, le voyant, l’éclairé, il est sauvé. Il sait quoi ? le plus fervent de ses disciples serait fort embarrassé de le dire.

Lorsque dans l’Évangile le Christ accomplissant des miracles prêche au peuple, il dit : « Je suis le fils de Dieu, ce n’est pas moi qui fais cela, c’est mon Père, mon Père et moi nous ne faisons qu’un ». Au jardin des Oliviers il appelle son Père, le fardeau semble trop lourd pour ses épaules humaines, il ne compte pas uniquement sur ses forces personnelles. Tout le long de sa carrière apostolique c’est un humble, un modeste, c’est de par Dieu, parce