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À Travers l’Inde en Automobile

au son de ces mêmes airs, et ils se demandent pourquoi l’Allah de leurs pères les a désertés.

Ils inclinent la tête en signe d’approbation, accordant un sourire et un « salam » aux artistes lorsqu’ils se retirent dignement, laissant le comédien maître absolu de la scène. Celui ci, avec toute la liberté d’un bouffon, interpelle les princes et leur expose le thème de la pantomime coupée de chants, à laquelle il va se livrer pour leur agrément. Joies, peines, amours, description de ses biens, de sa famille, voyages, il narre tout, par le geste et la mélodie, d’une façon saisissante de réalisme : Un soir d’orage, en temps de mousson, il se hâte au bord de la « Bhagerati » pour regagner Moorshidabad, le moindre bruit l’émotionne, et l’appel lugubre du chacal lui cause un indicible émoi, des éclairs luisent dans ses yeux, des fleuves coulent, dans l’ample mouvement de son bras, son corps frétille, s’allonge comme celui de la bête de proie. Sa respiration est haletante, la sueur ruisselle sur son visage, finalement il tombe à nos pieds, secoué d’un tremblement violent, anéanti, pâmé de frayeur.