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En Bengale

crépie en jaune, sépare le palais du village et englobe le parc dont les mimosas rouges et roses caressent de leurs branches flamboyantes les escaliers de marbre qui conduisent à la rivière. Le bâtiment réservé par le prince à ses hôtes est un immense palais avec un fronton de temple grec, des colonnades de pierres majestueuses et droites, les appartements sont extraordinairement grands, éclairés par huit fenêtres-baies et fermées par quatre quadruples portes ; des serviteurs nombreux et attentifs sont à la disposition des invités du prince.


Temple sur la rivière Baghirati. Palais de Moorshidabad. Parc.

Ce dernier, Ali Kadar Syud Hassan Mirza, de Moorshidabad, est vieux et fort cassé. Ses trois fils, dont les aînés ont été élevés à Oxford, ne conservent de leur éducation européenne qu’une grande facilité à s’exprimer en anglais et le goût du sport. Ils sont redevenus, après un séjour de 10 ans en Angleterre, parfaitement indigènes dans le costume, les habitudes quotidiennes ; ils demeurent excessivement attachés à leur pays et à ses croyances religieuses ou politiques. L’un d’eux, le cadet, le prince Nasir Saheb est venu de la part de son père se mettre à notre disposition pour nous faire visiter le palais, où nous logeons. Son costume est délicieux de pittoresque et lourd de richesses. Il porte des culottes de soie vert amande et une sorte de redingote en damas violet soutachée de fines broderies d’or en relief. En guise de jambières, des bandelettes de soie blanche lui montent jusqu’aux genoux ; les pieds sont chaussés de sandales de cuir blanc, ornées d’un gros bouton de diamant. Sur sa chevelure bouclée, noire et luisante, il pose une calotte en forme de pirogue renversée, faite de drap d’or et scintillante de perles fines.