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En Bengale

machine ; les indigènes n’osent pas frapper les vaches, un animal consacré aux dieux ; il faut en prendre son parti et essayer d’un autre moyen. Les coolies apportent des pics, des pioches, ils débarrassent peu à peu les roues, la direction, la base de l’essieu ; mais si la machine bouge, elle s’ensevelit de nouveau dans cette perfide rizière. La nouvelle s’est vite répandue qu’une voiture « magique », montée par des européens, est embourbée dans les environs. Tous les villageois accourent en grande hâte. Leur présence exaspère le chauffeur, et les oreilles de ceux qu’une curiosité aiguë amène par trop près de Philippe se ressentent de sa mauvaise humeur. Un contre-maître des travaux du chemin de fer nous propose timidement d’essayer un passage de fagots et de pièces de bois qu’il va faire arranger par les ouvriers. Le pauvre homme a tellement peur des voies de fait du chauffeur, qu’il se tient très éloigné de nous, et il faut quelques instants pour comprendre ce qu’il expose.


Un passage difficile

C’est une excellente idée, mais l’exécution en est longue. L’on va chercher les matériaux à un mille de distance, les planches sont trop minces, les poutres trop courtes : il faut commencer à installer une chaussée de briques sous les bois, c’est un travail considérable, mais après plusieurs heures de rude labeur, nous avons la satisfaction de voir Philippe, soigneusement dirigé, rouler tant bien que mal sur un trottoir qui le mène jusqu’aux premières chaumières du village.

Nous méritons un repos que nous prendrons dans le bungalow