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À Travers l’Inde en Automobile

Au revers des cartes, nous avons inscrit un vocabulaire d’Indoustani, de Bengali usuel et pratique, dont chaque phrase suggère de pittoresques et délicieuses situations, telles que : kancha rasta (quelle est cette route), bail lao jaldi (amène vite des bœufs), sollo (pousse, pousse), enfin jaw (va, file), le mot dont l’importance ne le cède qu’à thano (tire), l’injonction qu’on ne se lasse de répéter au coolie du punka lorsque vient la torpeur chaude des nuits accablantes dans le silence desquelles le corbeau des jungles jette à intervalles réguliers son cri sourd et rythmé. En joignant à ces notions indispensables, une connaissance presque approfondie de l’anglais, quelques gestes d’indigènes, pour appeler ou éloigner les passants, nous pouvons hardiment nous mettre en route. Malheureusement, je ne sais quelle influence malfaisante nous avons contrariée aujourd’hui, mais Philippe boude, il peine, il n’avance pas.

Photographie d’Hindous près d’un pont


L’un de nous, aurait-il par hasard au réveil, jeté les yeux sur une veuve, un feu qui fume, du poivre, des coupes de cuivre vides, un écureuil à droite, un corbeau à gauche ? tous objets de mauvaise augure, disent les Brahmes. Dans ce pays mystérieux où chaque arbre a sa divinité, chaque carrefour ses fantômes, l’on ne saurait être trop circonspect ; rien ne dit qu’en