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À Travers l’Inde en Automobile

nement britannique, d’une sagacité remarquable dans le choix des hommes qui élevèrent le Jam et en ont fait un souverain juste, bienfaisant, adoré de son peuple.

L’état de Jamnagar est florissant.

La population du bazar vit presque uniquement d’industries textiles, pratiquées héréditairement avec succès malgré l’envahissante concurence européenne. Par la porte entrouverte des maisons décrépies, l’on aperçoit en passant, des métiers primitifs, des cadres de fils d’or, de soies, entre lesquels une main noire et sèche lance de petites navettes qui retombent sur le sol de terre battue.

Des merveilles se façonnent dans ces taudis obscurs dont les murs suintent le salpêtre et l’indigence.

Ailleurs, au quartier des teinturiers, certaines castes possèdent seules le secret d’un procédé appelé Bandhmi, qui donne ces étoffés ravissantes, aux dessins compliqués, teints de mille nuances enchâssées, l’une dans l’autre, ces mousselines légères, pointillées, ces pièces pour les turbans posés comme des tours penchées : coiffure distinctive des sujets du Jam.

Le souverain visite souvent sa capitale ; lorsqu’il parcourt à cheval, en automobile, les rues étroites de la cité, les femmes lui jettent des fleurs ; il chevauche entouré de l’auréole romanesque de sa naissance et de celle de ces aïeux Yadus, ces fils des dieux, ces ancêtres fabuleux, dont le premier émergeant de la légende pour passer dans l’histoire fut un rajah qui se battit avec Porus contre Alexandre.