Les proverbes étant la sagesse des nations aux Indes comme en Europe, lorsque ce matin le chauffeur a trouvé les soupapes de la machine placées à l’envers, le tuyau d’échappement obstrué par un joint non perforé, il a dû songer que tout ce qui brille n’est pas or et que le garage français de Calcutta, malgré ses prétentions, reste des plus indigènes quant à la qualité et à l’intelligence du travail. Les Bengali veulent qu’un enfant abandonné par sa mère tombe aux mains d’une sorcière, d’un imbécile ou d’un charlatan ; je ne sais laquelle de ces qualifications s’applique le mieux à cet atelier où nous avons eu la naïveté de conduire l’auto pour la faire réviser avant de nous lancer à travers l’Inde, ce continent que, dans notre candeur nous nous représentions infesté de cobras[1], de tigres, d’éléphants sauvages.
Le plan du voyage demeure imprécis, nous avons une vague idée de milliers de kilomètres à parcourir par des routes plus
- ↑ Serpents très venimeux.