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À Travers l’Inde en Automobile

La procession se continue par des bonbonnières géantes, incrustées de pierres précieuses, pleines de gâteaux et de sucreries, destinés aux femmes du zénana, gage d’amitié des parentes de la jeune femme à sa belle-mère. Ces coffres de cuivre jaune, en forme de brioches, sont attachés par de simples cordes sur les charrettes à bœufs, d’une façon rustique et pauvre, contrastant ordinairement ici avec le luxe des vêtements et les coutumes grandioses. Les présents faits aux époux arrivent de la même façon ; ils ne sont pas nombreux : le chef de Jasdan n’est guère influent. Seul, un de ses voisins lui a envoyé un monumental éléphant dont les petits yeux clignottent intelligemment sous la résille d’or qui couvre sa face toute peinte et enluminée de scènes religieuses. Enfin, la dernière s’avance, une voiture close appelée « shigram », traînée par huit bœufs trotteurs blancs, caparaçonnés de soie rouge, les cornes encapuchonnées de cornets d’or, les cous enguirlandés de colliers de vermeil. Et là-dedans, dérobée à tous les yeux, la petite princesse, encore inconnue à son époux, fait son entrée dans la cité, joyeuse, qui hier a reçu, avec les mêmes fêtes, une autre reine dont la forme voilée se dissimule derrière les grilles de marbre pour assister, invisible, à l’arrivée de sa sœur, l’autre femme de son mari.