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Un Souverain Maratte

cour l’entourant, le Gaïkwar, pieds nus, assis à terre, s’emplit les yeux et les oreilles de musique et de danse indigènes. Cela semble une anomalie à la lumière électrique, devant ce petit homme si européen d’extérieur, de voir évoluer des femmes Mahrattes, dont tous les mouvements souples et lents dessinent les formes minces sous les saris collants.

Une danse officielle de bayadères est une marche rythmée, d’une grande lenteur, un long enchaînement de gestes et d’attitudes, que des chanteurs accompagnent en cognant en cadence deux cymbales de plomb qui rendent un son plein, sans éclat. On imagine difficilement un spectacle plus ennuyeux que ces danses lorsqu’elles se prolongent pendant plusieurs heures. Le Maharadja semble goûter assez cette représentation, sa main tapote le sol, suivant la mesure ; parfois il se retourne vers un de ses courtisans pour demander son appréciation ; il s’abandonne aux goûts de sa race, à ses plaisirs ataviques, jamais il ne m’a paru aussi étranger à l’Europe et à sa civilisation. Mais voici que retentit un gong, l’heure sonne, et tandis que les bayadères et les chanteurs continuent pour le peuple et les familiers à tordre leurs membres au battement des « tublas », le Gaïkwar se lève, ses ministres avec lui. Il nous salue cordialement, en rentrant au palais.

« Nous allons travailler, dit-il ». Je me rappelle alors qu’il quitte l’Inde avec toute sa famille par un prochain paquebot, qu’il s’absente pendant deux ans de ses États pour visiter l’Europe, aller en Amérique et au Japon, étudier ce qui fait les nations riches et les peuples victorieux.