yeux humides. Le bruit de la charrette ne les effarouche pas. Le cheetah par exemple sent sa proie, il s’agite, il grogne, cherchant à se délivrer de son masque. Derrière un rempart de buissons, le carnassier et son gardien mettent pied à terre en se dissimulant sous le couvert des ronces desséchées. À quelques mètres d’eux, des antilopes broutent tranquillement, ignorantes du danger qui les menace. Ébloui par la vive clarté du jour, le cheetah, que son maître déchaperonne, reste une minute hésitant ; puis ses yeux, conduits par son flair, embrassent le paysage. Il bondit d’un saut souple et léger, à trente mètres et terrasse un mâle superbe qui protégeait la fuite du troupeau.
Ses dents luisantes déchirent la chair encore palpitante, il s’enivre du sang de sa victime jusqu’au moment où sa suite accourue en hâte l’arrache à ce rouge festin en le recapuchonnant.
Cette chasse est extrêmement cruelle, elle n’exerce ni l’habileté, ni l’émulation humaine. C’est une tuerie froide, sans poursuite, qui exhale un relent de férocité sauvage et lâche, inséparable du caractère asiatique.
En allant définitivement prendre congé du Gaikwar, nous n’oublions pas néanmoins de le remercier vivement de cette distraction des plus goûtées et dont la rareté fait le mérite.
Nous trouvons le prince dans son parc. Sur les grandes pelouses garnies de fleurs, les serviteurs ont étendu des tapis moëlleux, recouverts de toiles blanches et pendant des heures, sa