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En Bengale

Le soleil pénètre rarement dans cet encombrement de ruelles et la parcimonie de ses rayons ajoute à la noirceur des vieux bois s’effondrant, à la mélancolie des grilles croulantes et des balcons déserts. Des femmes entrevues sur les toits plats retirent la tête au passage des Européens ; des Indous assis dans l’entrebaillement d’une porte regardent s’écouler la foule d’enfants intelligents et fripons qui quémandent, les marchands ambulants suivis de coolies courbés sous le poids de leurs ballots d’étoffes et l’interminable procession des dévots apportant au temple des jasmins et de l’encens.


Bénarès. Palais Dharmsala.

Toutes les catégories de « Sadhou », de voyants, défilent là en un jour. L’adorateur de Vishnou drapé dans une toge de coton orange, les esclaves de Durga, et ceux de Kali, l’idole sanguinaire, les fidèles de Shiva, le front barbouillé de rouge et de craie blanche, les imitateurs de Krisna, amoureux de ses laitières, le cou et les poignets entourés de guirlandes violettes et vertes. Malgré leurs divergences de cultes, leur idéal différent, une même idée les guide, un même désir les anime ; propitier la mort, cette déesse