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À Travers l’Inde en Automobile


BÉNARÈS, 15 SEPTEMBRE.


Sur les palais ensoleillés, les temples gris et croulants, qui s’étagent en amphithéâtre au bord du Gange, la mort, souveraine de Bénarès, règne, triomphante et implacable. Tout, dans la cité, est déterminé par l’avènement de son inévitable puissance.

Pour expier les erreurs qu’elle termine, l’Indou vient s’éteindre dans sa ville de prédilection ; pour s’assurer la possession de l’inconnu qu’elle cache, il livre son corps aux flammes des bûchers ; pour qu’elle lui donne le repos, il fait jeter ses cendres au fleuve son esclave ; pour l’affronter sans angoisse, il veut boire du puits dont l’eau putride renferme la science ; enfin pour échapper le plus longtemps possible à son immortelle étreinte, il élève des temples innombrables aux dieux qui la maîtrisent et à ceux qui la craignent.


Bénarès. Ghat de Shitala.

C’est elle avec ses espérances, ses terreurs, ses doutes, ses béatitudes, qui amène à Bénarès des milliers de pèlerins, des ascètes innombrables, cette population étonnante dont la vie est si médiocre et l’idéal très acceptable. Les préjugés de caste même y subissent son influence : toutes les