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LES SOUSPIRS DE MAGNY

MAGNY.

Le passaige fatal.

CHARON.

Qui est ton homicide ?

MAGNY.

O demande cruelle !

Amour m’a fait mourir.

CHARON.

Jamais dans ma nasselle

Nul subget à l’amour je ne conduis à val.

MAGNY.

Et de grâce, Charon, reçoy-moy dans ta barque.

CHARON.

Cherche un autre nocher, car ny moi ny la Parque,
N’entreprenons jamais sur ce maistre des Dieux.

MAGNY.

J’iray donc maugré toy, car j’ay dedans mon ame
Tant de traicts amoureux et de larmes aux yeux,
Que je seray le fleuve, et la barque et la rame (i).

Le CXXVIIe sonnet est plein d’une harmonie douce et molle. Catulle, Horace, Ovide, surtout les deux premiers, avaient de ces inspirations voluptueuses :

Ce que j’ayme au printens je te veulx dire, mesme,
J’ayme à fleurer la rose, et l’œillet, et le thin,
J’ayme à faire des vers et me lever matin.
Pour au chant des oyseaux chanter celle que j’ayme.

I. Nous n’avons pu trouver, même avec laide de M. Henri Lavoix, dans les cartons de musique du XVIe siècle conservés à la Bibliothèque nationale, l'original ou une copie de la musique de ce sonnet. — Le tour et le mouvement sont bien italiens. Mais il n’y a point dans Pétrarque de pièce analogue à celle-ci.