Page:Favre - Glossaire du Poitou, de la Saintonge et de l’Aunis, 1867.pdf/8

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
iv


Boulay, bw, qu’on prononçait bou, courbure, et lay, rivière.
Chaligny, cal, en composition chal, bord, près, linn, rivière, habitation ; donc lieu près d’une rivière.
Gastine, gast ou gastin, mauvais.
Laye, lay, forêt ; signifie aussi rivière en celtique.
Olonne, holonn, chaloun, sel.
Talemond, tal, hauteur ; mon, courbure de rivière.
Vernon, vern, aulne.
Ile de Ré, appelée d’abord Radis ou Ratis ; du celtique rad, rade, ou raz, rad, courant d’eau.
Nous nous bornons à ces quelques citations, en renvoyant au Glossaire pour de plus nombreux exemples de la justesse de cette remarque.


Il parait aujourd’hui certain que dans le ive siècle, la langue vulgaire ou celtique était encore en usage dans le Poitou. Ainsi, l’évêque de Bourges, Sulpice Sévère, dans un de ses dialogues sur la vie de saint Martin, fait dire à un de ses interlocuteurs, qui avouait ne pas parler correctement le latin : « Parlez en latin, ou, si vous l’aimez mieux, parlez en celtique ou gaulois, pourvu que vous célébriez saint Martin. »
C’est là une preuve irrécusable de la persistance de la vieille langue nationale de notre province. Les abbés, les gens lettrés du ive siècle parlaient mieux le celtique que le latin, et cependant les Romains n’étaient pas étrangers à la langue gauloise.


La Revellière-Lepaux, longtemps après Dreux-Duradier, se livra à des recherches sur le patois vendéen. Dans le Mémoire qu’il lut en l’an XI, à l’Académie celtique, il se servit surtout de la comédie patoise la Mizaille à Tauny, par Jean Drouhet, Me apothicaire à Saint-Maixent, imprimée à Poitiers en 1661, et de la Moirie de Sen-Moixont, par le même auteur.
Nous extrayons de ce mémoire les passages qui ont rapport au caractère de notre patois. La Revellière-Lepaux réfute le système de Dreux-Duradier, puis il dit :
« ..... Le poitevin doit, comme les autres patois, son origine à la fusion du celtique et des idiomes septentrionaux avec le latin.
« ..... On a toujours dit, il est vrai, que la langue romance d’Oil ou du Nord, s’étendait jusqu’à la rive droite de la Loire, et que, immédiatement à sa rive gauche, commençait le domaine de la langue romance d’Oc ou du Midi ; mais n’est-ce pas une erreur relativement à la langue d’Oc, du moins quant à la partie occidentale de la France ?
Il me parait plus juste d’en fixer les limites à la Charente, c’est-à-dire à plusieurs myriamètres au-delà de l’extrémité la plus méridionale de la Vendée, des Deux-Sèvres, de la Vienne, qui composent l’ancien Poitou. En effet, le langage du Poitou, pays situé entre